16 et 17 juillet 1942, la rafle du Vel d’Hiv

En juillet 1945, les enfants de la maison de Moissac sont en colonie de vacances au Chambon-sur-Lignon.
Annette est la 3e personne à gauche.
Mémorial de la Shoah/Coll. EEIF

Le 16 juillet 1942 à 4 heures du matin, la plus grande rafle visant les Juifs de France de toute la Seconde Guerre mondiale est déclenchée par la Préfecture de police de Paris, à l’initiative des autorités nazies. Plus de 4500 policiers sont mobilisés. Des dizaines d’autobus sont requis auprès de la Compagnie du Métropolitain pour transférer les Juifs arrêtés. Les personnes visées sont des Juifs allemands, autrichiens, polonais, tchécoslovaques, russes et apatrides. 12 884 personnes sont arrêtées, à leur domicile à Paris et dans la proche banlieue, durant les deux journées des 16 et 17 juillet, dont un grand nombre de femmes et d’enfants pourtant français. Les arrestations se poursuivent jusqu’au 20 juillet, faisant monter le bilan à 13 152 personnes.

Les personnes seules et les couples sans enfants sont envoyés à Drancy. Les familles, soit 8 160 personnes dont 4 115 enfants, sont enfermées au Vélodrome d’hiver dans le 15e arrondissement, parquées sur les gradins dans des conditions terribles. Entre le 19 et le 22 juillet, ces familles sont transférées dans les camps du Loiret, à Pithiviers et à Beaune-la-Rolande, puis progressivement déportés au camp d’Auschwitz-Birkenau. 3000 enfants sont brutalement séparés de leurs proches car Berlin n’a pas encore autorisé leur déportation, demandée par Laval. L’accord est donné le 13 août. 4464 internés du Loiret, dont 3081 enfants, sont alors convoyés à Drancy et, pour le plus grand nombre, aussitôt déportés et assassinés.

De ces évènements tragiques, il n’existe qu’une seule photographie identifiée par Serge Klarsfeld en 1990, montrant des autobus stationnant devant le Vel d’Hiv.

Vidéo du témoignage d’Annette, 10 ans le 16 juillet 1942

Dans son témoignage, elle évoque les conditions d’internement au Vel d’hiv, à Pithiviers et puis à Drancy. 

Annette Wainstein Landauer est née le 14 septembre 1931. Elle vit avec son père Nuchim Wainstein, sa mère Ruchla et son frère Sirins à Paris dans le 18e arrondissement. Le 16 juillet 1942, elle est arrêtée avec son père et son frère. Sa mère Ruchla Corenvit n’est pas arrêtée, ne portant le même nom. Ils sont emmenés au Vélodrome d’Hiver puis dans des baraquements au camp de Pithiviers. D’abord transférée seule à Drancy, elle est rejointe par son père et son frère. Dans son témoignage, elle évoque les conditions d’internement au Vel d’hiv, à Pithiviers et puis à Drancy. Sa mère obtient la libération de toute la famille grâce à leur nationalité roumaine qui fait, à ce moment-là, partie des nationalités protégées. S’ensuivent deux années de clandestinité. Sa mère qui n’avait pas été faite prisonnière au moment de la rafle du Vel’ d’hiv, sera malheureusement arrêtée et déportée en juin 1944 par le convoi 76 du 30/06/1944.

Annette apprend en septembre 1944 que sa mère ne reviendra pas. Son père, ne pouvant s’occuper d’elle, l’envoie à Moissac, maison d’enfants de Eclaireurs Israélites de France, où elle retrouve son frère, jusqu’en août 1946.

Annette Landauer est décédée en mars 2021.