Personnages clés de la Shoah

Né en 1904 à Paris - Assassiné le 18 février 1944 à Grenoble
HAGUENAU Marc
Résistant juif en France

Un des chefs des Éclaireurs Israélites de France (EIF) qui créent en 1942 le Service social des jeunes, dont il gère les finances. Il participe au passage progressif des EIF de l’assistance au sauvetage, en organisant notamment la fabrication des faux papiers. Arrêté le 18 février 1944 au cours d’une mission à Grenoble, il est abattu alors qu’il tentait de s’évader.

Son nom est donné à la compagnie EI dans le maquis du Tarn.

Médaille de la Résistance, Chevalier de la Légion d’honneur, Croix de guerre avec palmes à titre posthume.

Halle-sur-la-Saale 1904 - Tchécoslovaquie 1942
HEYDRICH Reinhard
Homme politique nazi

Né en 1904 à Halle-sur-la-Saale, Reinhard Heydrich est le fils du directeur du conservatoire de musique de Halle. Elevé dans un esprit nationaliste, il quitte Halle pour se présenter à Kiel en qualité d’aspirant de marine. En 1928, il atteint le grade de lieutenant de vaisseau.

Le 14 juillet 1931, Reinhard Heydrich entre dans la SS, comme simple SS, où il gravit très vite les échelons. Le SS Himmler le charge, en 1931, de constituer un service de renseignements spécifiquement SS. Il fonde le SD, Sicherheitsdienst. Il crée à l’intérieur même des SS une organisation bien à lui pour doubler, et si nécessaire, remplacer tout l’appareil du gouvernement. Selon lui, son organisation doit pouvoir prendre en main l’exercice du pouvoir à tout moment. Jusqu’à l’avènement des nazis en 1933, le SD s’occupe de recueillir des renseignements sur leurs adversaires, tout en surveillant attentivement l’activité des chefs du parti eux-mêmes, et plus particulièrementcelle de Röhm, chef de la SA.

Reinhard Heydrich est l’instigateur des manifestations antisémites « spontanées » lors de la Nuit de Cristal. Il organise l’incident de Gleiwitz qui déclenche l’attaque de la Pologne et la Seconde guerre mondiale. Nommé, en 1942, protecteur de la Bohême et de la Moravie, il mène dans ces régions une politique de terreur. Il organise la concentration des Juifs polonais dans les ghettos. Lors de la conférence de Wannsee, en janvier 1942, il met en place de manière officielle la « Solution Finale », et planifie, avec l’aide d’Adolf Eichmann, la déportation massive de Juifs allemands et autrichiens vers la Pologne.

Hitler voyait en lui son successeur potentiel. Deux soldats, formés à Londres et parachutés en Tchécoslovaquie, assassinent Reinhard Heydrich le 4 juin 1942. Cet attentat est prétexte à une répression allemande particulièrement féroce : le village de Lidice est rayé de la carte.

Münich 1900 - 1945
HIMMLER Heinrich
Ministre nazi de l'Intérieur, chef de la Gestapo et de la Waffen-SS

Né en 1900 à Münich, dans une famille catholique très pratiquante, Heinrich Himmler se destine à la carrière d’officier, mais il est démobilisé avant même son arrivée au front. Il s’inscrit alors à l’université de Munich pour poursuivre des études d’agronomie et d’économie. Au début des années 1920, il travaille en tant que représentant et éleveur de volailles.

En 1921, Heinrich Himmler rencontre le capitaine Röhm, qui fait sur lui une forte impression, et le convertit à ses vues politiques. En août 1923, il adhère au NSDAP, parti nazi, d’Adolf Hitler et participe au putsch manqué. En 1925, il travaille pour Gregor Strasser en collaboration avec Joseph Goebbels. C’est à cette date qu’il entre à la SS, que Hitler vient de fonder. Dès ce moment, Heinrich Himmler voue à Hitler une admiration, une soumission et une fidélité indéfectibles jusqu’aux derniers jours de la guerre. Himmler est le confident des projets les plus secrets du Führer mais jamais il n’appartiendra au cercle de ses amis intimes.

Le SS monte rapidement dans la hiérarchie du NSDAP. Il est nommé Gauleiter en Basse-Bavière en 1925, et Gauleiter en Bavière et en pays souabe en 1926, et enfin directeur adjoint des services de propagande du Reich en 1926. Le 6 janvier 1929, Hitler lui confie le commandement de la SS, dont il devient le Reichsführer. Il en fait le terrible Ordre noir avec sa police politique, la Gestapo, son service de renseignements, son organisation des camps de concentration, et son armée, la Waffen SS.

Chef suprême de toutes les polices en 1938, Himmler devient ministre de l’Intérieur en novembre 1943. Il fait régner la terreur en Allemagne, mais aussi dans toute l’Europe occupée. En Pologne, il organise, avec l’aide des « unités mobiles » de tuerie, l’assassinat de centaines de milliers de Polonais et de Juifs. Après l’attentat manqué contre Hitler le 20 juillet 1944, le ministre de l’Intérieur reçoit le commandement de toutes les forces armées de l’intérieur. Le 23 avril 1945, Heinrich Himmler rencontre le comte Bernadotte à Lubeck et lui annonce que, Hitler étant sur le point de mourir, il prend le pouvoir et se tient prêt à négocier la capitulation de l’Allemagne. Hitler l’ayant appris, révoque Himmler qui gagne le Schleswig, où il est arrêté par les Anglais.

Son suicide le 23 mai 1945 lui permet d’échapper au jugement du tribunal militaire international de Nuremberg.

20 avril 1889 à Braunau am Inn (Autriche) - 30 avril 1945 à Berlin
HITLER Adolph
Chancelier et président du Reich (30 janvier 1933 – 30 avril 1945)

Adolph Hitler est né le 20 avril 1889 à Braunau am Inn, ville autrichienne située à la frontière avec l’Empire allemand. Élève peu brillant, il abandonne l’école à 16 ans. En 1908, il part s’installer à Vienne dans l’espoir d’intégrer les Beaux Arts, mais il échoue au concours d’entrée. Il mène alors, grâce à la vente de ses peintures, une vie de bohème et fréquente les milieux pangermanistes et antisémites de la ville. En mai 1913, pour échapper au service militaire, il quitte Vienne pour Munich. Au moment de la déclaration de la Première Guerre mondiale, il se porte volontaire dans l’armée bavaroise puis pendant le conflit il est promu au grade de caporal et est décoré de la croix de fer de 1ère et de 2e classes. C’est au cours de sa convalescence à l’hôpital militaire de Pasewalk, après avoir été partiellement aveuglé par du gaz moutarde sur le front en octobre 1918, qu’il apprend l’armistice et l’instauration de la République de Weimar. Il s’insurge contre le traité de Versailles et les lourdes réparations imposées au pays. Toute sa vie, Hitler adhère au mythe du « coup de poignard dans le dos », selon lequel l’Allemagne aurait été trahie de l’intérieur par les Juifs et les forces de gauche.

De retour à Munich, c’est en qualité d’officier-instructeur de l’Armée qu’il assiste à son premier meeting du parti ouvrier allemand (DAP) dont il devient membre en septembre 1919. Il découvre alors ses talents de grand orateur et se forge une doctrine en matière de propagande. En juillet 1921, il devient chef du « parti national-socialiste des travailleurs allemands » (NSDAP), nouveau nom du DAP depuis août 1920. Dans ses discours, Hitler donne à la revanche et à l’antisémitisme une place centrale et fait campagne contre la république parlementaire de Weimar. Afin d’assurer la sécurité lors des meetings du parti, il crée un service d’ordre, les SA (Sturmabteilung), mais, inquiet face à leur force grandissante, il les dissout finalement lors de la Nuit des longs couteaux le 30 juin 1934.

En novembre 1923, profitant des troubles politiques qui agitent l’Allemagne, Hitler tente un putsch à Munich. C’est un échec, mais la résonance du procès fait de lui un homme politique à dimension nationale. Condamné à 5 ans de prison, il n’y reste finalement que 9 mois, au cours desquels il rédige Mein Kampf (« mon combat »), une autobiographie émaillée de considérations politiques, éthiques et sociales et dans laquelle Hitler définit la doctrine du national-socialisme. Il y expose sa « conception du monde » (Weltanschauung) et son sentiment d’avoir pour « mission » de sauver l’Allemagne. Selon lui, le mouvement nazi doit être antidémocratique, dans son organisation comme dans ses principes : « Pour rendre à notre peuple sa grandeur et sa puissance, il faut tout d’abord exalter la personnalité du chef et la rétablir dans tous ses droits ». L’Etat doit être un instrument au service de la domination de la race aryenne : « un Etat qui, à cette époque de contamination des races, veille jalousement à la conservation des meilleurs éléments de la sienne doit devenir un jour le maître sur la terre ». Selon Hitler, l’histoire de l’humanité est celle de la lutte des races et les Juifs sont à l’origine de la décadence allemande. Hitler s’inspire notamment du darwinisme social et des idées de Gobineau et Chamberlain. L’obsession de la conquête de l’« espace vital » (Lebensraum) et l’ « antisémitisme rédempteur » seront au cœur de l’idéologie hitlérienne.

A sa sortie de prison en 1925, Hitler reprend rapidement en main le parti nazi. Dans ses discours, il continue à présenter la libération nationale par le culte du Führer et par la « communauté nationale » (Volksgemeinschaft) dépassant les divisions de classes. De 1928 à 1932, aux cours des différentes élections, le NSDAP gagne du terrain sur la scène politique. Néanmoins, en mars 1932, le maréchal Hindenburg remporte les élections présidentielles face à Hitler, mais, confronté à un pays soumis à la terreur des SA, il finit, le 30 janvier 1933, par nommer ce-dernier chancelier. C’est l’incendie du Reichstag, le 27 février 1933, qui permet à Hitler d’asseoir son autorité en obtenant les pleins pouvoirs pour une période de quatre ans. La répression devient systématique, des camps de concentration sont ouverts, le parti nazi devient le seul parti autorisé. La SS (Schutzstaffel) devient un véritable Etat dans l’Etat. Le tournant décisif est atteint le 2 août 1934 avec la mort de Hindenburg : à sa fonction de chancelier, Hitler y adjoint alors celle de président du Reich. Sa nouvelle fonction est ratifiée par les membres conservateurs du cabinet, par l’armée et, par le « plébiscite » du 19 août 1934. Aucun opposant ne peut plus le menacer : les piliers du régime – l’armée, le parti, l’industrie, l’administration – le soutiennent loyalement.

Une guerre perdue et le sentiment d’humiliation nationale, une misère économique et sociale profonde, une crise politique et l’empressement à trouver un « homme fort » ont permis à Hitler d’accéder au pouvoir. Ainsi, l’institutionnalisation de son pouvoir charismatique s’est faite d’abord dans le Parti au cours des années 1920 puis, après 1933, dans l’Etat. Une fois au pouvoir, Hitler travaille à radicaliser l’idéologie, à fragmenter le gouvernement et à créer des organismes se superposant et se concurrençant, tout en dépendant tous de sa volonté. Il établit des liens personnels basés sur la fidélité et la confiance avec ses ministres. Il confie à une minorité de chefs nazis la réalisation de l’euthanasie des malades incurables ou mentaux ainsi que la campagne de persécution des Juifs. Hitler, qui dirige en donnant de vagues directives, n’a que rarement besoin d’intervenir dans l’adoption des mesures antijuives, hors des grandes décisions comme les lois de Nuremberg : ses paroles sont transcrites sous forme de normes par les autres acteurs politiques de l’Etat. Ces derniers « travaillent en direction du Führer ».

Le 30 janvier 1939, dans un discours devant le Reichstag, il annonce que la guerre signifierait la fin des Juifs d’Europe : « Les peuples [de la terre] s’apercevront bientôt que l’Allemagne nationale-socialiste ne souhaite pas l’inimitié des autres peuples. Je veux de nouveau être prophète. Si la finance juive internationale en Europe et hors d’Europe devait parvenir à entraîner une nouvelle fois les peuples de la terre dans une guerre mondiale, le résultat ne serait pas la bolchévisation de la planète, et donc une victoire juive, mais l’annihilation de la race juive en Europe. » Pendant la guerre, Hitler va régulièrement faire référence à ces propos.

Par ailleurs, Hitler s’engage dans une politique de violation du traité de Versailles (sortie de l’Allemagne de la Société des Nations, reconstitution d’une force aérienne, réintroduction de la conscription obligatoire, remilitarisation de la Rhénanie) et se lance dans une politique expansionniste en annexant l’Autriche en mars 1938, puis les Sudètes, et ensuite le reste de la Tchécoslovaquie. Le 23 août 1939, pour isoler son voisin polonais et éviter d’avoir à combattre sur deux fronts, il signe avec Staline un pacte de non-agression. La Wehrmacht franchit le 1er septembre la frontière germano-polonaise ; c’est le déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale. Le succès de l’invasion des Pays-Bas et de la France de 1940 le persuade qu’il est un stratège de génie et qu’il est infaillible. Le 22 juin 1941, il rompt le traité germano-soviétique. L’opération Barbarossa est perçue comme la conquête d’un « espace vital » et comme une guerre d’anéantissement avec pour objectif central l’éradication du judéo-bolchévisme. Dès août 1941, les Einsatzgruppen assassinent par balles non plus seulement les hommes juifs des territoires soviétiques, mais également les femmes et les enfants.

Hitler cherche à organiser un « ordre nouveau européen » mais, contrairement à ses plans militaires, la campagne contre l’URSS s’enlise. Pour mieux contrôler la conduite de la guerre, il décide en décembre 1941 d’assumer les fonctions de commandant en chef de l’armée. L’entrée en guerre des Etats-Unis ce même mois constitue pour Hitler un écho du tournant de 1917 : pour lui, c’est la preuve du complot juif mondial, l’alliance du judéo-bolchevisme, des Juifs de la City et de Wall Street pour la perte de l’Allemagne. La situation militaire est alors tendue : Hitler comprend qu’il ne parviendra pas à conquérir les territoires de l’Est dans les délais qu’il s’était promis. La radicalisation du discours hitlérien qui s’ensuit est interprétée par ses subordonnés comme l’ordre de commencer le génocide. C’est probablement entre le mois d’octobre et la première quinzaine de décembre 1941 qu’Hitler, gagné par la crainte d’une défaite, prend la décision de l’extermination de tous les Juifs. Lors de la conférence de Wannsee en janvier 1942 – à laquelle le Führer n’est pas présent – est planifiée « la solution finale de la question juive ».

Sur le front, Hitler a jusqu’à lors prôné la guerre éclair (Blitzkrieg), mais malgré la crise de Stalingrad – qui marque le passage à une guerre totale -, et une Wehrmacht en peine, il ne veut pas changer de stratégie et entendre parler de retraite. Enfermé dans ses bureaux, il se consacre à la direction de la guerre, se déchargeant sur Goering des affaires gouvernementales. Suite à la défaite de Stalingrad et à celle en Afrique du Nord, le Führer s’adresse de moins en moins au peuple allemand (2 discours en public en 1943 et aucun en 1944, préférant intervenir à deux reprises à la radio). Malgré la débâcle sur tous les fronts, Hitler s’oppose continuellement à toute recherche de paix. Son autoritarisme s’accentue encore après l’attentat dirigé contre lui le 20 juillet 1944. Il s’enferme dans une alternative absolue entre le « triomphe de la volonté » et l’anéantissement complet de l’Allemagne. Voyant l’Allemagne nazie battue et Berlin investi par les troupes soviétiques, Hitler, aux côtés d’Eva Braun qu’il a épousée la veille, met fin à ses jours le 30 avril 1945 dans le bunker de la chancellerie.

1868 1957
HORTHY Myklos
Homme politique hongrois

Né en 1868, Myklos Horthy devient en 1919 le leader militaire de la campagne contre-révolutionnaire de la « Terreur blanche », qui lutte contre le régime socialiste-communiste de Bela Kun. Après l’évacuation des troupes d’occupation roumaines, le 1er mars 1920 il devient le régent du royaume hongrois.

D’abord ouvertement antisémite, son régime devient plus modéré, particulièrement après le débat autour des lois anti-juives du 22 septembre 1920 instaurant un numerus clausus. En règle générale, les lois du régime étaient clairement antisémites. Pendant l’entre deux guerre, Horthy mène une politique conservatrice relayée par l’aristocratie traditionnelle et une certaine catégorie de capitalistes modernes.

Sa politique étrangère s’oriente autour de la révision du traité de Trianon, conclut à Versailles en 1920, dans lequel la Hongrie cède les deux tiers de son territoire d’avant guerre. Cet axe de politique étrangère l’amène à se rapprocher de l’Allemagne hitlérienne.

En 1942 et 1943, pendant les revers militaires nazis, Horthy s’oppose aux pressions allemandes voulant imposer des mesures encore plus dures envers les Juifs, comme l’exclusion des Juifs de toutes les activités économiques, le port de l’étoile jaune, la ghettoïsation et la déportation des Juifs dans les camps de concentration et d’extermination. Lors de l’occupation allemande du pays, à partir du 19 mars 1944, il forme un gouvernement totalement soumis aux Nazis, leur donnant une autorité totale en matière de lois antisémites. Près de 500 000 Juifs hongrois ne reviendront pas des camps de la mort. Le 7 juillet 1944, le régent ordonne l’arrêt des déportations des Juifs de Budapest. Le 15 octobre, après une tentative d’armistice avortée, il est déposé par les Allemands et remplacé, à la tête de l’Etat, par Fernc Szalasi, leader du parti fasciste Arrox Cross Party.

Après la guerre, les autorités alliées autorisent Horthy à s’installer au Portugal, il écrit ses mémoires, qui seront publiés en 1965. Il meurt en 1957.