Personnages clés de la Shoah

1870 - 1956
SALIEGE Jules
Archevêque français

Né en 1870, Jules Saliège, archevêque de Toulouse depuis 1928, est le premier homme d’Eglise à protester publiquement contre les traitements réservés aux Juifs par le gouvernement de Vichy. Le 23 novembre 1941, alors que la hiérarchie catholique se tait, il envoie une lettre de protestation. Lors du transfert des Juifs vers le camp de Drancy, en août 1942, Monseigneur Saliège rédige une lettre pastorale qui est lue en chaire dans toutes les églises du diocèse le 23 août 1942, dans laquelle il affirme que les Juifs appartiennent au genre humain, et que tout n’est pas permis contre eux. Cette lettre, véritable manifeste, est diffusée à travers toute la France par les résistants.

Monseigneur Saliège donne aussi comme consigne aux religieux de son domaine de cacher des Juifs et en priorité des enfants. Il désigne Monseigneur Courrèges pour coordonner les efforts de sauvetage. Le préfet de Toulouse tente d’empêcher les prêtres de réaliser leurs actions, en exerçant de fortes pressions sur eux. Après de nouvelles attaques contre le nazisme, l’archevêque de Toulouse manque d’être déporté à son tour. Le 9 juin 1944, la Gestapo se rend à son domicile pour l’arrêter, mais après avoir constaté son âge et son état de santé précaire, elle y renonce.

Monseigneur Jules Saliège obtient le titre de Juste des Nations le 8 juillet 1969.

Hassfurt-sur-le-Main 1894 - Nuremberg 1946
SAUCKEL Fritz
Responsable nazi de l'exploitation de la main d'oeuvre

Né le 27 octobre 1894, Fritz Sauckel est issu d’une famille de fonctionnaires. Matelot dans la marine marchande suédoise et norvégienne, son bateau est capturé par les Français au début de la Première Guerre mondiale, et il est interné pendant quatre ans dans un camp de prisonniers français.

Après une formation d’ingénieur, il entre au NSDAP, parti nazi, en 1922 et fait une carrière rapide en Thuringe à la tête de l’organisation du parti. Gauleiter de la Thuringe en 1927, Fritz Sauckel est élu ministre-président et ministre de l’Intérieur de ce Land, le 26 août 1932. Il est député au Reichstag à partir du 12 novembre 1933. Il est responsable de « l’aryanisation » des entreprises juives.

Le 21 mars 1942, Fritz Sauckel est nommé plénipotentiaire général à la main d’oeuvre. Il est responsable de la déportation de millions de travailleurs forcés et de prisonniers des territoires occupés d’Europe orientale en Allemagne. Il exige l’envoi de 100 000 ouvriers français pour le 15 mars 1943. Constatant que cette promesse ne sera pas tenue, le gouvernement français promulgue la loi sur le Service du Travail Obligatoire.

Fritz Sauckel, condamné à mort par le tribunal militaire international de Nuremberg, est pendu le 16 octobre 1946.

Svitavy 1908 - Francfort 1974
SCHINDLER Oskar
Industriel allemand

Né en 1908 dans la région des Sudètes, Oskar Schindler arrive à Cracovie à la fin de l’année 1939, peu de temps après l’invasion allemande. Il prend la direction de deux entreprises, appartenant à des Juifs, spécialisées dans la production en gros d’ustensiles de cuisine. Il travaille pour les autorités d’occupation allemandes en Pologne. Plus tard, Oskar Schindler crée sa propre entreprise d’émail près de Cracovie, qui emploie principalement des travailleurs juifs, les protégeant ainsi des déportations. Lorsque l’opération de liquidation du ghetto de Cracovie débute, au début de l’année 1943, la plupart des Juifs sont envoyés dans le camp de travail de Plaszow, connu pour la brutalité de son commandant Amon Goeth.

Oskar Schindler utilise ses relations avec des hauts représentants allemands de l’administration de l’armement pour installer une annexe du camp de Plaszow dans son usine pour 900 travailleurs juifs, incluant des personnes peu qualifiées pour le travail en usine. Grâce à cela, les ouvriers sont protégés des horreurs du camp de Plaszow.

En octobre 1944, devant l’avancée de l’armée soviétique, Schindler est autorisé à convertir son entreprise en une usine d’armement à Brünnlitz, dans les Sudètes, et à amener avec lui les ouvriers juifs de sa première entreprise. Il réussit à faire sortir 700 hommes du camp de Gross-Rosen et 300 femmes du camp d’Auschwitz. Les 1100 travailleurs vivent dans de relativement bonnes conditions. Sachant qu’un train transportant des détenus juifs du camp de Goleszow passe à proximité de Svitavy, Schindler demande et obtient l’autorisation de prendre des travailleurs. Une centaine d’hommes et de femmes juifs sont recueillis à Brünnlitz, où ils sont soignés et nourris. Pour certains, les soins apportés sont trop tardifs pour leur éviter de mourir. Oskar Schindler joue de ses relations pour obtenir le grade de commandant SS en Pologne, et jouir ainsi d’une position plus facile pour porter assistance aux Juifs.

Il est emprisonné à plusieurs reprises par la Gestapo, qui le soupçonne de corruption. A la fin de la guerre, les Soviétiques confisquent son entreprise ; l’industriel est ruiné et ne peut compter que sur la protection et le dévouement de ses employés restés en Allemagne. L’organisation de secours international juif lui fournit de l’argent pour qu’il puisse recommencer une activité professionnelle. En 1962, il reçoit le titre de Juste des Nations.

Oskar Schindler meurt en 1974 à Francfort.

Gori 1879 Moscou 1953
STALINE Joseph Vissarionovich
Secrétaire général du Parti Communiste Soviétique

Joseph Vissarionovich Staline naît en 1879, en Géorgie, dans une famille pauvre de fabricants de chaussures. En 1894, il entre au séminaire de Tiflis, et ensuite dans un groupe de militants géorgiens nationalistes et radicaux. Il quitte le séminaire en 1899, et rejoint le mouvement révolutionnaire. Lors de la rupture au sein du mouvement socialiste russe, Staline choisit de se rallier aux bolcheviques.

En 1912, il devient membre du Comité Central du parti bolchevik. Arrêté en 1913 pour raison politique, Staline est exilé en Sibérie. Après la révolution d’Octobre 1917, il revient à Stalingrad et devient membre du Politburo. Dans le premier gouvernement bolchevik, il est nommé commissaire du peuple aux nationalités. Staline prend une part active dans la guerre civile en tant que commissaire politique de l’Armée rouge. Il devient rapidement un des principaux leaders du parti. Nommé secrétaire général du parti, il transforme cette position en un poste central au sein de l’administration bolchevik. A la mort de Lénine, il lutte contre Léon Trotsky pour la succession du pouvoir. Il lui faut attendre 1928 pour devenir le chef incontestable du parti.

Cette même année, il lance le programme d’industrialisation et de collectivisation massive des campagnes. Durant cette période extrêmement brutale, des millions de paysans meurent. Au début de l’année 1929, lorsqu’il prend le contrôle de la police secrète, Staline organise la Terreur totale. A partir de 1935, une série de procès est entreprise impliquant des anciens leaders, accusés de complot ; la plupart des accusés sont exécutés. Pendant la purge de la seconde moitié des années 1930, plusieurs milliers de soviétiques meurent, dont la plupart des membres importants du parti et beaucoup de communistes étrangers vivant en URSS. Une nouvelle génération, majoritairement paysanne, arrive au pouvoir. L’antisémitisme devient alors l’idéologie secrète de la classe dirigeante.

Après avoir signé le pacte germano-soviétique en août 1939, Staline devient le Président du Conseil des Commissaires du peuple en mai 1941. A cette époque, la plupart des Juifs qui restaient au Comité central sont écartés. Pendant la guerre, il est chef militaire, commandant en chef suprême, au rang unique de Généralissime, et appelle tout le pays à se mobiliser dans l’effort de guerre. Entre 1943 et 1945, il rencontre à plusieurs reprises les Alliés occidentaux pour préparer la future carte de l’Europe.

En 1947, Staline décide de soutenir la construction de l’Etat d’Israël, en espérant le voir devenir ainsi un Etat satellite. Mais les rapports entre l’URSS et le jeune Etat se dégradent à la fin de 1948, lorsque cet espoir ne se confirme pas. Dès lors, l’antisémitisme est un axe de l’idéologie soviétique. Toutes les organisations juives sont dissoutes et les intellectuels juifs arrêtés et plus tard exécutés.

Staline envisage les Juifs comme « un groupe national nocif » dont les liens avec les Etats-Unis mettent en danger la stabilité politique de l’Empire. Les premières étapes de purge antisémite se déroulent à Prague à la fin de l’année du procès Slansky, secrétaire général du parti communiste tchécoslovaque. Les préparatifs en vue de la déportation des Juifs de Russie sont interrompus par la mort de Staline. Il meurt en 1953 à Moscou.

Fleinhausen (Bavière) 1885 - Nuremberg 1946
STREICHER Julius
Fondateur du journal antisémite Stürmer

Né en 1885 en Bavière, Julius Streicher travaille d’abord en tant qu’instituteur. En 1919, il est co-fondateur du parti socialiste allemand (DSP) qui fusionne rapidement avec le NSDAP, parti nazi. Se joignant au putsch de Hitler en 1923, il est suspendu de son poste dans l’éducation nationale mais devient, à partir de 1925, Gauleiter (gouverneur du district) du parti nazi en Franconie.

Un des antisémites les plus fanatiques parmi les fonctionnaires nazis, Julius Streicher exprime sa haine obsessionnelle des Juifs à travers le journal « Der Stürmer » qu’il fonde en 1923. Spécialisé dans un antisémitisme obscène et pornographique, le journal provoque la répulsion même chez des proches de Hitler. Pourtant, « Der Stürmer » contribue à préparer le terrain pour les lois antisémites de Nuremberg. Avec l’installation du système totalitaire hitlérien, la position de Streicher devient moins importante. Néanmoins, il a le soutien sans faille du Führer, ce qui lui vaut d’être élu en 1933 député au Reichstag et, par ailleurs, de devenir Obergruppenführer dans la SA. La même année, il organise le boycottage de magasins juifs et propose la réinstallation des ghettos dans les villes allemandes. Sa publication « Lutte contre l’ennemi du monde » propage déjà en 1938 l’idée du génocide des Juifs : « Si l’on veut en finir avec le danger de la reproduction de cette race maudite par Dieu, il n’y a qu’un moyen : c’est l’extermination de ce peuple ». Condamné pour corruption par le tribunal du parti dans une affaire d’ « aryanisation », il tombe en disgrâce en 1940 tout en restant le directeur du « Stürmer ».

Il sera traduit devant le tribunal international de Nuremberg pour « excitation à la persécution des Juifs » et participation aux crimes contre l’humanité. Il est condamné à mort et pendu le 16 octobre 1946.