Personnages clés de la Shoah

Schwetzingen 1903 Langenfeld 1958
ABETZ Otto
Homme politique nazi

Né en 1903 à Schwetzingen, Otto Abetz poursuit ses études à l’université de Karlsruhe et devient professeur  de biologie. Président du comité central des mouvements de jeunesse de Karlsruhe, il organise de 1930 à 1934 des congrès germano-français pour les jeunes. Cette position lui vaut de rencontrer des Français germanophiles. Parallèlement, dès 1931, il adhère au du NSDAP, parti nazi et entre en 1935, sous la direction de Joachim von Ribbentrop, au service allemand des Affaires étrangères. La même année, il entre dans la SS.

De 1940 à 1944, Otto Abetz, SS-Standartenführer puis SS-Brigadeführer à compte de 1942, occupe le poste d’ambassadeur d’Allemagne à Paris, chargé de représenter la politique du Reich vis à vis de Vichy. Il est délégué auprès du Commandement militaire. Hitler l’a nommé comme seul responsable pour toutes les questions politiques en France occupée comme en France non occupée. Il coordonne ainsi, d’une part, les services civils dans la zone occupée ; il gère la sécurité, la propagande et la collaboration économique. D’autre part, il se charge de faire pression sur le gouvernement de Vichy afin que celui-ci accepte les demandes de Berlin. Il demande très tôt des mesures anti-juives y compris la spoliation des biens juifs qu’il pratique dès son arrivée en juin 1940. Il est partisan des déportations en 1942. Il entretient de bonnes relations avec l’Amiral Darlan et Pierre Laval, vice-président du Conseil, tous deux partisans résolus de la collaboration avec l’Allemagne.

Il est arrêté en octobre 1945, en Forêt Noire, par l’Inspecteur de la Sûreté Richard Ezac (de son vrai nom Joachim Eisack, réfugié allemand… Juif…et résistant français puis engagé dans l’Armée Française sous sa fausse identité française*). Condamné en 1949 par un tribunal français à vingt ans de prison, Otto Abetz est gracié par le Président du Conseil René Cotty en avril 1954, après trois remises de peine. Il meurt en 1958 à Langenfeld en Allemagne, victime d’un accident de voiture, non élucidé.

Né en 1919 à Varsovie (Pologne) - Mort au combat le 8 mai 1943 à Varsovie (Pologne)
ANIELEWICZ Mordechaï
Dirigeant de la Résistance juive en Pologne

Elevé dans une famille juive pauvre, membre actif du mouvement de jeunesse sioniste socialiste Hachomer Hatzaïr. Le 7 septembre 1939, quelques jours après l’attaque allemande contre la Pologne, Mordechaï Anielewicz quitte Varsovie pour la Pologne orientale, puis pour Vilnius (rattachée entre temps à la Lituanie indépendante), où il recrute des membres de son mouvement pour reprendre des activités éducatives clandestines en Pologne.

En janvier 1940, il revient lui-même à Varsovie, avec son amie Mara Fuchrer, où il devient dirigeant à plein temps. À partir des premiers massacres de Juifs à l’Est en juin 1941, il se préoccupe de l’autodéfense de la population du ghetto. Il prend contact, d’abord en vain, avec la résistance polonaise liée au gouvernement en exil. il devient un des fondateurs du Bloc antifasciste avec les autres sionistes et les communistes (mars-avril 1942).

En voyage au sud ouest de la Pologne pour y transformer les mouvements de jeunesse en groupes de résistance armée, il revient à Varsovie après les grandes rafles de l’été 1942, réorganise l’Organisation juive de combat (ZOB) , dont il devient le commandant en novembre 1942.
Il obtient une petite quantité d’armements de l’Armée de l’intérieur polonaise (AK). Le 18 janvier 1943, il mène avec succès les premiers combats de rue destinés à s’opposer à une nouvelle grande rafle opérée par les Allemands.

Se trouve à la tête de l’insurrection déclenchée le 19 avril.Replié avec l’état-major du ZOB dans un bunker du 18 de la rue Mila, il y trouve la mort le 8 mai lorsque ce bunker est conquis par les troupes allemandes. Sa dernière lettre, adressée le 23 avril 1943 à Itzhak Zuckerman proclame la « grandeur » et la « gloire » de la Résistance juive dans le ghetto. Le kibboutz Yad Mordechaï, en Israël, porte son nom et comporte un monument à sa mémoire.

1895
ANTIGNAC Joseph
Secrétaire général du Commissariat Général aux Questions Juives

Né en 1895, Joseph Antignac sert dans l’armée française et reçoit deux Croix de guerre pour ses hauts faits militaires. Officier de la Légion d’Honneur, il intègre l’armée active, après 1918, avec le grade de capitaine. Mis à la retraite pour maladie, il quitte l’armée un an plus tard. Jusqu’en 1939, Joseph Antignac est un entrepreneur industriel.

Un an après sa démobilisation en octobre 1940, il dirige la circonscription de Limoges de la Police aux Questions Juives, chargée de faire contrôler l’application de la législation antisémite française. En novembre 1942, Joseph Antignac devient le chef de cabinet de Louis Darquier de Pellepoix, alors Commissaire général aux Questions Juives. Et à partir du 15 janvier 1943 directeur de cabinet du Commissariat Général aux Questions Juives, il s’occupe du domaine de l’ « aryanisation économique ».

En juin 1944, Joseph Antignac succède à Charles du Paty de Clam à la tête du C.G.Q.J., avec le titre de Secrétaire Général. Il affiche un antisémitisme très violent et cherche à « régénérer » le C.G.Q.J. de plus en plus désorganisé par l’approche du dénouement de la guerre.

Arrêté le 6 novembre 1944, Joseph Antignac est libéré le 28 mai 1946. C’est à cette date qu’il s’enfuit et disparaît. Aucune trace de lui ne renseigne sur le lieu de sa fuite.

Le 9 juillet 1946, Joseph Antignac est condamné à mort par contumace.

Né à Pitesti en 1882- Décédé à la prison de Jilava en 1946
ANTONESCU Ion
Maréchal et homme politique roumain

Chef d’Etat-Major de l’armée roumaine en 1933, Antonescu en est exclu en 1937. En 1938, le roi de Roumanie lui propose le poste de Ministre de la Guerre. Ses idées politiques sont ouvertement antisémites. Il devient Premier Ministre le 4 septembre 1940. Deux jours après, il déclare que la Roumanie entre de son plein gré dans la zone d’influence du IIIème Reich et de l’Italie. Antonescu se proclame alors Conducator. Dès l’automne 1940, il prend une série de décrets confiscant les biens appartenant aux Juifs.

Le 7 octobre 1940, les troupes allemandes pénètrent sur le territoire roumain et 15.000 SS s’installent dans les ports et zones pétrolières du pays. En juin 1941, le Conducator rencontre Hitler à Munich. Le 23, la Roumanie déclare la guerre à l’URSS. Les armées roumaine et allemande envahissent la Bessarabie et le nord de la Bukovine et massacrent la population juive. Le 23 novembre 1941, Antonescu ordonne le pogrom d’Odessa, qui coûte la vie de près de 25000 Juifs.

L’arrestation de Mussolini et la capitulation italienne le 8 septembre 1943, et les bombardements alliés sur la ville de Ploiesti incitent Antonescu à se retirer du conflit. Il est arrêté le 23 août 1944, sur ordre du Roi Michel de Roumanie. Le 31, les troupes soviétiques entrent dans la capitale Bucarest. Le 12 septembre 1944, l’armistice est signée et laRoumanie devient alors l’alliée de l’URSS. L’ancien Premier Ministre est ensuite remis au gouvernement de Bucarest. S’en suit une condamnation à mort édictée par un tribunal populaire. Ion Antonescu est exécuté le 1er janvier 1946.

Né à Paris en 1904- Décédé en décembre 1943 à Auschwitz
BAUR André
Dirigeant communautaire juif en France

Fils d’un banquier juif très engagé dans la vie communautaire juive à Paris, il est le neveu du grand rabbin de Paris Julien Weill, mais aussi du secrétaire général du Consistoire de Paris, Albert Manuel et du professeur de médecine Benjamin Weill-Hallé. On lui connait également des liens de parenté avec l’industriel André Citroën et au juriste Raymond Lindon. Lui-même banquier et président de l’Union libérale israélite (synagogue de la rue Copernic à Paris), André Baur est très sensibilisé à l’étude des textes religieux juifs et au militantisme sioniste (il occupait aussi trésorier pour la France du Fonds national juif- Keren Kayemet le Israël).

André Baur est resté à Paris sous l’Occupation avec son épouse et ses quatre enfants, il accepte fin mai 1941, de prendre la présidence du Comité de coordination des oeuvres de bienfaisance israélites de Paris et du département de la Seine puis, en janvier 1942, la vice-présidence nationale de l’UGIF, en charge du conseil d’administration pour la zone nord. Il Noue alors des relations de confiance avec le Comité des Juifs immigrés de la rue Amelot. A la mi-mars 1942, confronté à une demande du SS Dannecker d’assurer le ravitaillement du premier convoi de déportation prévu en France, André Baur proteste dans une lettre adressée à Xavier Vallat daté du 26 mars 1942.

Le 29 mai 1942, il écrit au président de la Croix Rouge française pour lui demander des informations au sujet des Juifs déportés à Auschwitz, afin de leur apporter un soutien « moral et matériel ». Informé de l’imminence de la rafle
du Vel d’Hiv, il transmet l’information aux responsables du Consistoire central à Lyon, par l’intermédiaire de son frère vivant en zone sud. Il rencontre alors Marcel Stora et les responsables du Comité Amelot le 13 juillet, les informe de l’imminence de la rafle et leur propose de fournir des documents de protection à leurs employés. André Baur s’est rendu au Vel d’Hiv pendant la rafle des 16 et 17 juillet pour y constater l’état d’abandon des familles raflées. S’efforçant de faire face aux besoins d’assistance de la population juive de zone nord, il entretient une correspondance régulière et détaillée avec son oncle Albert Manuel, devenu secrétaire général du Consistoire central à Lyon. Au début de 1943, il mène une négociation difficile avec les Allemands pour préserver le personnel étranger de l’UGIF Nord. Il Effectue en février 1943 un voyage de deux semaines en zone sud avec son secrétaire Armand Katz, dans le cadre d’un projet de réorganisation nationale de l’UGIF. Le 28 avril, à Grenoble, il participe à la réunion constitutive du Centre de documentation juive contemporaine (CDJC).

Le 11 juillet 1943, Baur demande à rencontrer Pierre Laval pour s’opposer à la politique brutale menée par le SS Brunner au camp de Drancy. Le 21 juillet, l’évasion de deux internés de Drancy, dont l’un est le cousin d’André Baur, sert de prétexte à Brunner pour arrêter ce dernier. En réalité, c’est son indocilité, manifestée par ses démarches auplus haut niveau des autorités françaises, qui semble est la raison réelle de son arrestation. Malgré des demandes de libération faites en sa faveur par le grand rabbin de France, le président du Consistoire central, le président délégué de l’UGIF, et même par Louis Darquier de Pellepoix, André Baur est déporté vers Auschwitz, par le même convoi que Marcel Stora, Fernand Musnik, le rabbin Elie Bloch et la famille de ce dernier.

Dans ce convoi se trouvaient aussi la femme d’André Baur, Odette alors âgée de 33 ans et leurs quatre enfants : Francine, 3 ans, Myriam, 9 ans, Antoine, 6 ans et Pierre, 10 ans.

Né à Plonsk (Pologne russe) en 1886 - Décédé à Sdé Boker (Israël) en 1973
BEN GOURION David
Fondateur de l'Etat d'Israël

En Palestine à partir de 1906. Expulsé par les Ottomans en 1915, revient en 1918 comme combattant de la Légion juive. Dirigeant historique du parti sioniste travailliste (Mapaï à partir de 1930), il est élu à la présidence de l’éxécutif sioniste à Jérusalem en 1935 et le demeure jusqu’en 1948, date à laquelle il proclame l’indépendance de l’Etat d’Israël et en dirige le gouvernement jusqu’en 1953, puis à nouveau de 1955 à 1963.

Fait un long séjour aux Etats-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale, marqué par l’adoption le 12 mai 1942 du programme sioniste de Biltmore (revendication d’une souveraineté juive en Palestine). Préoccupé par la défense de la Palestine contre le danger d’une invasion allemande (1942), puis par la création d’une Brigade juive dans l’armée britannique (obtenue en 1944), il s’est peu mobilisé pour faire pression sur les Alliés en vue d’une action de sauvetage des Juifs d’Europe plus efficace, ce qui a suscité une controverse chez les historiens.

Dès la fin de la seconde guerre mondiale, il entre en contact avec les rescapés se trouvant dans des camps de personnes déplacées et se consacre activement à organiser leur immigration clandestine ou légale, en Palestine.

Darmstadt 1903 - 1989
BEST Werner
Chef de l'Etat-major administratif auprès du commandement militaire en France occupée

Né en 1903 à Darmstadt, Werner Best fonde après la Première guerre mondiale à Mayence un groupe de la Ligue nationale allemande de la jeunesse. Pendant la crise de la Ruhr en 1923-1924, il est emprisonné à deux reprises par les Français pour son activité nationaliste. Deux ans après son doctorat en droit en 1927, il devient juge dans le département de justice du Lander de Hesse, poste qu’il doit quitter en 1931 pour son implication dans «l’affaire Boxheim» (la préparation d’un putsch par les national-socialistes après une prétendue révolution communiste). Membre du NSDAP, parti nazi, en 1930 et, un an plus tard, de la SS, Werner Best devient préfet de Police de Hesse et, à partir de 1933, conseiller juridique pour la Gestapo et adjoint d’Heydrich, chef de la Sipo-SD du Reich. En 1939, il se trouve au commandement d’une «Einsatzgruppe», unité mobile de la police de sécurité du RSHA, Office central de la sécurité du Reich, en Pologne.

A cause d’un différend avec Heydrich, il quitte cette fonction et devient, en 1940, chef de l’Etat-major administratif auprès du commandement militaire en France occupée. Ses tâches principales sont le combat contre la Résistance et, avec Helmut Knochen, chef de la Sipo-SD en France, et Otto Abetz, ambassadeur d’Allemagne à Paris, la mise en oeuvre des mesures antijuives : «l’aryanisation» des biens juifs, l’introduction du Statut des Juifs et l’établissement des camps d’internement, stade préliminaire de la déportation des Juifs de France. Commissaire du Reich au Danemark entre 1942 et 1945, Best y poursuit la politique de l’oppression et de la déportation des Juifs. Le projet échoue grâce au gouvernement suédois qui annonce par radio les déportations prévues. La majorité des Juifs danois réussit à s’enfuir en Suède.

Emprisonné au Danemark et condamné à la peine capitale en 1949, Best réussit à retourner en Allemagne en 1951 grâce aux pressions du gouvernement allemand. Il y travaille comme conseiller juridique pour l’entreprise de Hugo Stinnes, empire industrielle depuis les années vingt qui avait aussi financé les nazis. En 1969, il est accusé pour complicité de massacre devant les tribunaux allemands. Trois ans plus tard, il est remis en liberté en 1972 pour des raisons médicales. Werner Best meurt en 1989.

1881 - 1970
BOEGNER Marc
Pasteur français

Né en 1881 au sein d’une famille protestante républicaine et patriote, Marc Boegner devient pasteur après des études de théologie et de droit.

Dès 1940, il prend la tête de la Cimade, organisation protestante de secours qui cherche à aider les Juifs internés dans les camps français. En mai 1941, le pasteur Marc Boegner, président de la Fédération protestante de France, est le premier dirigeant religieux français à condamner, clairement et officiellement la législation antisémite du gouvernement de Vichy. Il encourage ses fidèles à sauver des Juifs et à faciliter leur passage clandestin vers la Suisse.

Dès l’été 1941, il est en contact avec les dirigeants du gouvernement de Vichy, dont le maréchal Pétain, Xavier Vallat et plus tard Pierre Laval. Dans toutes ces discussions, le pasteur Marc Boegner condamne la politique antisémite et plaide pour une annulation des décrets anti-juifs. En 1942, le pasteur Marc Boegner devient président d’honneur, avec le cardinal Gerlier, de l’association Amitié chrétienne créée pour aider les Juifs de France. Le 6 septembre 1942, après une dénonciation violente de la déportation des enfants juifs vers l’Est, le pasteur Marc Boegner prêche devant soixante pasteurs en les exhortant à sauver des Juifs.

Il s’occupe personnellement du sauvetage d’une centaine d’enfants juifs allemands internés au camp de Gurs. Grâce à l’influence de son engagement précoce et ferme contre la politique antisémite, des milliers de Juifs purent être sauvés de la machine nazie.

Le 21 juin 1988, Yad Vashem décerne au pasteur Marc Boegner le titre de Juste des Nations.

Montauban 1909- Paris 1993
BOUSQUET René
Préfet français

Né le 11 mai 1909 à Montauban, René Bousquet, docteur en droit de la faculté de Toulouse, devient à 20 ans le chef de cabinet du préfet du Tarn-et-Garonne. En 1941, il est préfet régional de Champagne. Il prête serment de fidélité au maréchal Pétain, et gagne la confiance de Pierre Laval.

Conseiller d’Etat en service extraordinaire, René Bousquet devient secrétaire général à la Police à partir du 18 avril1942. Le 2 juillet 1942, René Bousquet se met d’accord avec les chefs de la Police allemande (accords Oberg-Bousquet) afin que la Police française procède aux arrestations de Juifs étrangers. En zone libre, il veille à ce que, selon le souhait de Pierre Laval « les enfants, y compris ceux de moins de 16 ans, soient autorisés à accompagner leurs parents » en déportation. Prenant sans doute conscience de l’issue probable de la guerre, il démissionne de son poste en décembre 1943.

Après 3 ans de détention préventive, passés en résidence surveillée en Allemagne, et quelques mois de liberté provisoire, Bousquet est traduit en justice. Durant son procès, l’ancien secrétaire général à la Police affirme avoir « systématiquement refusé de [s’] occuper des questions juives ». Le 23 juin 1949, il est acquitté et reconnu comme résistant.

Revenu à la vie civile, René Bousquet entame une brillante carrière à la Banque de l’Indochine. En 1989, suite à une plainte, il est de nouveau inculpé. Après 4 ans de procédures, le réquisitoire conclut à sa mise en accusation pour crimes contre l’Humanité.

Le 8 juin 1993, 3 jours avant la notification de son inculpation, René Bousquet est abattu, à Paris, par Christian Didier. Celui-ci avait déjà tenté d’assassiner Klaus Barbie.

1904-Landsberg 1948
BRACK Viktor
Nazi, un des principaux responsables de la mise en oeuvre du programme d'euthanasie

Viktor Brack est né le 9 novembre 1904. Fils de médecin, il fait des études d’économie à Munich. En 1923 déjà il s’inscrit à la SA. Avant de devenir officier de liaison entre la SS et la chancellerie du Führer en 1936, il entretient de bonnes relations avec Himmler et travaille comme chauffeur pour lui. Montant dans les grades de la SS jusqu’au SS-Oberführer et SS-Sturmbannführer, il devient chef de section au bureau II de la Chancellerie du Reich, qui est responsable de la mise en oeuvre du programme d’euthanasie, surnommé T4, en 1939. Le nom de code provient de l’adresse du bureau, d’où opère l’équipe de Viktor Brack à l’aide du Docteur Karl Brandt, sous la direction du chef de la chancellerie du Führer, Philipp Bouhler.

Officiellement, le programme vise à dispenser « une mort miséricordieuse » (Gnadentod) aux malades incurables. En réalité, il s’agit de l’élimination systématique et secrète d’handicapés mentaux et physiques dans le but d’alléger le système social et d’ « épurer la race aryenne ». Pendant la période de 1939 à 1945, un total estimé de 300.000 personnes est victime de ces meurtres médicaux.

Viktor Brack est surtout chargé de garantir la clandestinité de l’action, en sélectionnant soigneusement le personnel médical. A partir de 1941, le personnel du service T4 prépare activement la mise en place de la « Solution Finale », ayant déjà utilisé, entre autres, le gazage comme méthode d’extermination humaine. A plusieurs reprises, Brack met son équipe à la disposition de Globocnik, chef des SS et de la police à Lublin, pour les camps d’extermination de l’« Aktion Reinhard ». En 1942, Brack recommande à Himmler la stérilisation par rayons X de deux à trois millions de Juifs et de Juives « utilisables » pour les travaux de force.

Au procès dit « des médecins allemands criminels de guerre », qui se déroule de 1946 à août 1947 à Nuremberg, devant un tribunal américain en marge du grand procès des dirigeants nazis, Viktor Brack fait partie des trois non-médecins accusés. Comme son ancien collègue, le Docteur Karl Brandt, il est condamné à mort et pendu à Landsberg en 1948.