Personnages clés de la Shoah

Fleinhausen (Bavière) 1885 - Nuremberg 1946
STREICHER Julius
Fondateur du journal antisémite Stürmer

Né en 1885 en Bavière, Julius Streicher travaille d’abord en tant qu’instituteur. En 1919, il est co-fondateur du parti socialiste allemand (DSP) qui fusionne rapidement avec le NSDAP, parti nazi. Se joignant au putsch de Hitler en 1923, il est suspendu de son poste dans l’éducation nationale mais devient, à partir de 1925, Gauleiter (gouverneur du district) du parti nazi en Franconie.

Un des antisémites les plus fanatiques parmi les fonctionnaires nazis, Julius Streicher exprime sa haine obsessionnelle des Juifs à travers le journal « Der Stürmer » qu’il fonde en 1923. Spécialisé dans un antisémitisme obscène et pornographique, le journal provoque la répulsion même chez des proches de Hitler. Pourtant, « Der Stürmer » contribue à préparer le terrain pour les lois antisémites de Nuremberg. Avec l’installation du système totalitaire hitlérien, la position de Streicher devient moins importante. Néanmoins, il a le soutien sans faille du Führer, ce qui lui vaut d’être élu en 1933 député au Reichstag et, par ailleurs, de devenir Obergruppenführer dans la SA. La même année, il organise le boycottage de magasins juifs et propose la réinstallation des ghettos dans les villes allemandes. Sa publication « Lutte contre l’ennemi du monde » propage déjà en 1938 l’idée du génocide des Juifs : « Si l’on veut en finir avec le danger de la reproduction de cette race maudite par Dieu, il n’y a qu’un moyen : c’est l’extermination de ce peuple ». Condamné pour corruption par le tribunal du parti dans une affaire d’ « aryanisation », il tombe en disgrâce en 1940 tout en restant le directeur du « Stürmer ».

Il sera traduit devant le tribunal international de Nuremberg pour « excitation à la persécution des Juifs » et participation aux crimes contre l’humanité. Il est condamné à mort et pendu le 16 octobre 1946.

1915 Saint-Vincent-sur-Jabron 1996 Fresnes
TOUVIER Paul
Milicien français

Paul Touvier, né le 3 avril 1915 dans les Alpes de Haute-Provence, entre en 1937 à la SNCF comme expéditionnaire. Mobilisé le 3 septembre 1939 et démobilisé quelques semaine plus tard, il reprend rapidement son travail à la SNCF.

Proche des idées du maréchal Pétain, Paul Touvier adhère à la Légion française des combattants, puis au Service d’ordre légionnaire en décembre 1941. Il en devient le secrétaire en avril 1942 à Chambéry.

Paul Touvier adhère à la Milice dès sa création en janvier 1943 par Joseph Darnand. En septembre 1943, il devient chef du deuxième service départemental de la Milice de Lyon, puis chef du deuxième service régional en janvier 1944. Il infiltre la Résistance, interroge des prisonniers, dirige des rafles et pille des biens civils.

Le 29 juin 1944, Paul Touvier fait assassiner sept otages juifs à Rillieux-la-Pape en représailles au meurtre de Philippe Henriot, secrétaire d’Etat à l’Information et à la Propagande.

A la libération de Lyon, en septembre 1944, Paul Touvier et sa famille disparaissent et vivent clandestinement en région parisienne, grâce à des trafics divers et des petits travaux. L’abbé Stéphane Vautrin lui offre son premier asile clandestin.

Le 10 septembre 1946, Paul Touvier est condamné à mort par contumace par la cour de justice de Lyon pour trahison. En 1971, il bénéficie d’une grâce présidentielle. Le 20 avril 1994, la cour d’assises de Versailles condamne Paul Touvier à la réclusion criminelle à perpétuité.

Paul Touvier meurt à l’hôpital de la prison de Fresnes le 17 juillet 1996.

Né en 1891 à Villedieu (Vaucluse) - Décédé en 1972 à Annonay (Ardèche)
VALLAT Xavier
Homme politique français

Infatigable militant catholique, champion des milieux « anciens combattants » durant l’entre-deux-guerres, Xavier Vallat s’impose comme l’un des chefs de file de la droite républicaine à la Chambre des députés. Le 6 juin 1936, s’adressant à Léon Blum du haut de la tribune parlementaire, il lance : « pour la première fois ce vieux pays gallo-romain va être dirigé par un Juif ».

Après la défaite, il se rallie avec enthousiasme au maréchal Pétain, et prend en mars 1941, la tête du tout nouveau Commissariat Général aux Questions Juives. Pendant un an, il s’acquitte de sa « mission » avec une ferveur fanatique. Législateur méticuleux, il contribue à doter la France d’une législation antisémite qu’il veut la plus élaborée et la plus sévère d’Europe.

En juin 1944, il remplace Philippe Henriot ,assassiné par la Résistance, au micro de la radiodiffusion nationale pour continuer d’y prêcher, désespérément la fidélité à l’Etat français.

En 1947, son procès en Haute Cour fait sensation : Xavier Vallat assume pleinement son action sous l’Occupation comme stratégie de défense et sauve sa tête de justesse. En prison, il devient le compagnon de cellule de Charles Maurras. Rapidement libéré, puis amnistié, il termine sa longue carrière politique comme éditorialiste vedette de la presse d’extrême droite.

Berlin 1878 - Paris 1948
VON STULPNAGEL Otto
Commandant militaire nazi en France occupée

Né à Berlin en 1878, Otto von Stülpnagel sert dans le régiment prussien dès 1898, et prend part à la Première Guerre mondiale. Il joue un rôle important dans le groupe des officiers réactionnaires de la Reichswehr, qui cherche à détruire la République de Weimar.

Dès 1933, il devient un fidèle partisan d’Hitler. Nommé Militärbefehlshaber in Frankreich en octobre 1940, il exerce ces fonctions parallèlement à celles de gouverneur militaire de Paris jusqu’en février 1942. Il est responsable de l’exécution de résistants et de la déportation des Juifs.

Au printemps et à l’automne 1941, son régime de terreur atteint son paroxysme. Il demande que des instructions soient prises pour choisir les otages parmi les personnes déjà détenues dans les prisons françaises, soit pour des « actes de terrorisme » soit pour leur appartenance au parti communiste. Il demande à être relevé de ses fonctions en février 1942, à cause du différend entre Berlin et lui au sujet de la politique d’exécution des otages. Otto von Stülpnagel refuse « l’élargissement » de cette politique.

A l’issue de la guerre, Otto von Stülpnagel est arrêté en Allemagne et traduit devant un tribunal français. Il se suicide en février 1948 dans la prison du Cherche Midi à Paris.

Né en Tchécoslovaquie en 1924
VRBA Rudolf
Déporté, évadé d'Auschwitz

Déporté en tant que Juif au camp de Maïdanek, il est transféré en juin 1942 à Auschwitz, d’où il s’évade le 7 avril 1944 avec Alfred Wetzler. Parvenus en territoire slovaque le 21 avril 1944, les deux hommes ont pris contact à Bratislava avec les responsables de la communauté juive, et ont rédigé un rapport technique détaillé sur les modalités de l’assassinat des Juifs, par gazage suivi de crémation. Rendu public le 25 novembre 1944 à Washington, ce rapport avait entre temps largement circulé dans les milieux bien informés des pays neutres, puis des pays alliés.

Les informations qu’il contenait se trouvent au coeur des controverses de 1944 entre les gouvernements alliés et les dirigeants juifs sur les possibilités de sauvetage des Juifs de Hongrie, notamment par l’échange de Juifs contre des camions et par le bombardement des installations d’Auschwitz. Elles ont été utilisées comme pièces à conviction au procès de Nuremberg.

Rudolf Vrba a terminé la guerre comme partisan tchèque, puis a fait des études d’ingénieur chimiste à Prague. Immigré en Israël (1956), puis en Grande-Bretagne (1958) , il est devenu professeur d’université au Canada en 1967.

Auteur notamment de I cannot forgive (1963, traduction française : Je me suis évadé d’Auschwitz, Ramsay, 1988).

Né en Russie en 1874 - Décédé en Israël en 1952
WEIZMANN Haïm
Premier président de l'Etat d'Israël

Après des études en Allemagne et en Suisse, professeur de chimie à l’université de Manchester (Royaume Uni) à partir de 1906. Militant sioniste depuis les années 1890. Sa découverte d’un procédé de fabrication de l’acétone rend service à l’Amirauté britannique pendant la première guerre mondiale et facilite ses démarches en vue d’obtenir la déclaration Balfour (2 novembre 1917) par laquelle la Grande Bretagne s’engage à favoriser la création d’un foyer national juif en Palestine.

Président de l’Organisation sioniste mondiale de 1920 à 1931 et de 1935 à 1946, fondateur de l’Institut scientifique de Rehovot (Palestine), devenu l’Institut Weizmann, en 1934, il soutient en 1937 le plan britannique de création d’un Etat juif et d’un Etat arabe en Palestine, mis en échec par la rébellion arabe qui aboutit au Livre blanc britannique de 1939 : limitation draconienne de l’immigration juive et de l’achat de terres par les Juifs en Palestine.

Toujours loyal à la Grande Bretagne (pour laquelle un de ses fils est mort au combat dans la RAF), Haïm Weizmann échoue à secouer l’indifférence de Londres au sort des Juifs d’Europe. Séjourne longuement aux Etats-Unis à l’époque de la Conférence sioniste de Biltmore (12 mai 1942). Il obtient la création d’une Brigade juive palestinienne dans l’armée britannique en septembre 1944.

Bien que retiré de la présidence de l’Organisation sioniste, joue un rôle clé dans les débats de l’ONU qui aboutissent à la résolution du 29 novembre 1947 sur le partage de la Palestine. Premier président de l’Etat d’Israël de 1949 à sa mort.