Hommage à Elie Wiesel décédé le 2 juillet 2016

Elie Wiesel au Mémorial de la Shoah en 2008

Elie Wiesel au Mémorial de la Shoah en 2008

Elie Wiesel s’est éteint samedi 2 juillet 2016 à l’âge de 87 ans à son domicile new-yorkais. Rescapé de la Shoah et Prix Nobel de la paix, l’écrivain juif américain n’avait cessé de perpétuer la mémoire de la Shoah mais aussi de s’interroger sur la nature humaine et sur sa foi.

Cet adolescent, que la Shoah a laissé orphelin et apatride à seulement 17 ans, fut recueilli par l’OSE (Œuvre juive de secours aux enfants) quelques mois après la libération des camps en 1945. Après des études de philosophie à la Sorbonne, Elie Wiesel deviendra journaliste et écrivain. Mais il lui faudra dix années pour se mettre à écrire sur la guerre. Dix ans pour que « La Nuit » voie enfin le jour, en 1958.  Ce chef d’œuvre, témoignage d’un adolescent qui a vu l’enfer, d’un jeune homme qu’Auschwitz aura bouleversé à jamais, réveillant en lui « l’esprit le plus bas, l’instinct le plus sauvage » reste l’un des plus grands ouvrages de la littérature post-Shoah.

Elie Wiesel avait finalement trouvé un sens à sa survie dans le témoignage, l’écriture et l’enseignement de la Shoah. Il a écrit une soixantaine de livres, principalement en français, et s’est élevé inlassablement contre l’injustice et l’oppression dans le monde, jusqu’à devenir un messager de paix pour l’Humanité, récompensé par le Prix Nobel 1986.

Tout au long du week-end, de nombreuses personnalités ont réagi suite à l’annonce de sa mort pour lui rendre hommage. Le Mémorial de la Shoah souhaite également se souvenir de ce grand écrivain et passeur de mémoire à travers la vidéo d’une rencontre organisée au Mémorial à l’occasion de la sortie de son roman « Le cas Sonderberg » en 2008 :

Dans la continuité de l’œuvre d’Elie Wiesel, la transmission et l’enseignement de l’histoire de la Shoah restent notre principale mission. Nous retiendrons ces quelques mots de ce grand humaniste prononcés lors de cette rencontre en 2008 au Mémorial : « Je veux communiquer ma passion de l’enseignement, de l’étude, je veux dire que, malgré tout, l’espoir existe parce que nous l’inventons chaque fois que nous regardons un enfant. Je suis resté l’enfant que j’étais, il y’a l’enfant en moi qui me juge, l’enfant en moi qui m’interroge : « qu’as-tu fait de mon avenir ? » Il y’a une responsabilité extraordinaire, chaque mot doit dire la vérité, je ne pense pas avoir survécu pour mentir.»

Jacques Fred, directeur du Mémorial de la Shoah, s’est exprimé sur France Culture le 4 juillet 2016 à propos de la disparition d’Elie Wiesel :

« Elie Wiesel était un témoin mais c’était aussi une voix, une conscience politique. Il faut garder en mémoire qu’Elie Wiesel a été un de ceux qui a interpellé les présidents américains (…), c’est lui qui, en 1993, a pressé Clinton de pousser l’ONU à intervenir en ex-Yougoslavie où avaient lieu des massacres. Il va être l’un des gardiens du temple de l’enseignement de l’histoire de la Shoah et de la lutte contre l’antisémitisme. On cherche toujours de grandes autorités morales autour de nous, malheureusement les survivants de la Shoah se comptent sur les doigts d’une main aujourd’hui et ces grandes autorités morales et humaines également. » Réécouter cette interview (6’13)

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Toutes nos pensées vont à ses proches.