le Mémorial salue la mémoire de Benjamin Orenstein décédé le 10 février 2021

Crédit : photo prise lors d’un voyage à Auschwitz que le Mémorial  a organisé en 2013, © Mémorial de la Shoah

 

Benjamin Orenstein, rescapé du camp d’Auschwitz-Birkenau, et Président honoraire de l’Amicale des Anciens Déportés d’Auschwitz-Birkenau et des camps de Haute-Silésie du Rhône, est décédé le mercredi 10 février 2021.

Benjamin Orenstein est né le 15 septembre 1926 dans la ville d’Annopol en Pologne. Il est le cadet d’une famille de cinq enfants. Ses parents vivent du commerce des œufs et de la viande de veau.

En 1941, il est interdit aux Juifs de s’éloigner de plus d’un kilomètre du centre d’Annopol. Les hommes sont employés dans des entreprises allemandes installées à la périphérie de la ville. Alors qu’il n’a pas encore quinze ans, Benjamin Orenstein prend la place de son père qui a été arrêté et envoyé au camp de travail de Ieniszow. Il parvient à s’évader au bout de cinq semaines, rejoint sa famille et part travailler dans une ferme.

Le 13 octobre 1942, les Juifs d’Annopol sont déportés vers le centre de mise à mort de Belzec, à l’exception d’un groupe d’une centaine d’hommes, dont Benjamin et ses trois frères, qui sont emmenés au camp de Rachow effectuer des travaux agricoles. En 1943, il est transféré à Budzyn, où il travaille dans une usine d’aviation. En novembre, il apprend que tous les prisonniers de Rachow, dont ses trois frères, ont été exécutés.

En mai 1944, à l’approche des troupes soviétiques, les détenus de Budzyn sont envoyés au camp d’Ostrowiec, puis au camp d’Auschwitz où Benjamin arrive le 4 août. Il est enregistré et tatoué avec le matricule B 4416. Il est transféré à Fürstengrube, un camp-satellite d’Auschwitz III, où il travaille dans une mine de charbon jusqu’au 13 janvier 1945. Après la « marche de la mort », il échoue au camp de Dora, où il tombe gravement malade. Il est finalement libéré par l’armée américaine le 11 avril 1945.

Benjamin Orenstein est alors âgé de 18 ans et demi. Il n’a plus de famille, pèse 32 kilos. Après une période de convalescence dans un centre de l’Agence juive à Trevano en Suisse, il parvient à rejoindre la Palestine et passe quelque mois au kibboutz d’Aloumot, dans la vallée du Jourdain. Il s’engage dans l’armée dès la création de l’Etat d’Israël en mai 1948 et participe au premier conflit israélo-arabe. Démobilisé en 1950, il rejoint un cousin qui vit en France et s’installe définitivement à Lyon en novembre 1951.

A la suite du procès de Klaus Barbie à Lyon en 1987, il décide de témoigner et va s’engager avec détermination pour la transmission de la mémoire de la Shoah, en France mais aussi en accompagnant des voyages d’étude sur le site du camp d’Auschwitz-Birkenau. Benjamin Orenstein préside l’Amicale des Anciens Déportés d’Auschwitz-Birkenau et des camps de Haute-Silésie du Rhône pendant de nombreuses années. Le journal Le Monde lui consacre un portrait le 8 mai 2020. Benjamin avait publié en 2006 son témoignage Ces mots pour sépulture.

Benjamin Orenstein a été fait chevalier de la Légion d’honneur en 2015 et commandeur des Palmes académiques en 2018.

Le Mémorial de la Shoah salue la mémoire de ce militant ardent et présente ses sincères condoléances à ses enfants et petits-enfants.