Rwanda

Mémoire et justice

Rwanda année zéro

Un passé vivant, les « crises traumatiques ». Une femme s'effondre pendant une cérémonie de commémoration du génocide de 1994 contre les Tutsi. Dix-huit ans après, ces commémorations réveillent toujours les traumatismes du passé chez de nombreuses personnes qui doivent être prises en charge par des équipes de soutien psychologique, le 12 avril 2012 à BUTAMWA, Rwanda.

Dix ans après la fin du génocide, des « crises traumatiques » apparaissent chez les rescapés lors des commémorations du génocide. Naasson Munyandamutsa, médecin psychiatre rwandais ayant participé à la reconstruction des institutions de santé mentale au Rwanda, explique ce phénomène particulier : « Des gens tombent en syncope et perdent conscience pendant longtemps, certains crient, d’autres font des reproches, d’autres restent muets. Quand on est dans une société qui a imposé le silence par la mort et la terreur, les gens ne sont pas prêts à parler. Il n’y pas d’audience. On a peur de contaminer l’autre. Le temps des commémorations est celui où la société toute entière, officiellement et politiquement, donne une tribune à la mémoire. Les gens prennent alors la parole à travers la souffrance. D’où ces crises traumatiques, qui sont des appels à l’aide. »

Interview donné dans le cadre du documentaire d’Anne Lainé, Un cri d’un silence inouï diffusé sur RFI.