Ce que j’ai vu …
Dans
la matinée, nous sommes tout d’abord arrivés
à Auschwitz II Birkenau devant cette entrée avec les rails de chemins de fer
que l’on avait tellement vue auparavant dans des documentaires, articles ou
livres. Puis nous nous sommes rapprochés d’un endroit où était disposé un
très grand nombre de baraquements. Le premier dans lequel nous sommes entrés
était destiné aux toilettes, si l’on peut appeler ainsi ce bloc de béton d’une
longueur interminable, percé par des trous tous très rapprochés, qui permettaient
aux personnes de s’asseoir. Une ancienne déportée, Ginette Kolinka, nous a
alors raconté que lorsqu’ils faisaient leur besoins c’était tous ensemble
et que leurs fesses se touchaient tellement ils étaient très serrés.
Nous
sommes ensuite allés dans un autre baraquement où il y avait un bloc de brique
au centre qui servait de chauffage et, tout autour, des bouts de bois qui
étaient montés ensemble pour que cela ressemble à des lits superposés. Il était
très difficile de s’imaginer que des personnes aient pu dormir dans ces
conditions et dans ce froid car le bloc destiné au chauffage n’était jamais
utilisé.
Puis
nous avons longé les rails qui mènent à l’entrée pour aller voir les restes de
ce qui étaient des chambres à gaz et des fours crématoires qui ont été détruits
par les allemands en janvier 45 pour ne laisser aucune preuve.
Dans
un bâtiment, il y a des centaines de photos de personnes : ce sont des
photos qui ont été retrouvées après la libération du camp. On a donc pu voir
que toutes les personnes qui étaient détenues dans ce camp étaient comme nous,
avaient une famille, vivaient dans de bonnes conditions... C’est dans ces
bâtiments que les déportés étaient tatoués, rasés, enregistrés
, déshumanisés en quelque sorte . C’est là aussi qu’on leur donnait
les « vêtements » qu’ils garderaient jusqu’à la fin.
Nous avons terminé la visite de Birkenau par le
monument érigé à la mémoire des déportés qui sont morts en ce lieu. Par terre,
il y a plusieurs plaques écrites en une vingtaine de langues où l’on peut voir
écrit : « Que ce lieu où les nazis ont assassiné un million d’hommes,
de femmes et d’enfants, en majorité des juifs de divers pays d’Europe, soit à
jamais pour l’humanité, un cri de désespoir et un avertissement. Auschwitz
Birkenau 1940-1945 ».
L’après
midi, nous sommes allés au camp de Auschwitz I. Au-dessus de la porte d’entrée
sous laquelle tous les déportés passaient, il y a écrit : « Arbeit
Macht Frei » qui signifie « Le travail rend libre ». Puis nous
avons visité le musée où nous avons pu voir les 200 tonnes de cheveux, les tas
de chaussures, les tas de casseroles, les tas de lunettes, de jambes
artificielles, de valises, de brosses... qui appartenaient à tous les déportés
qui sont passé dans ce camp.
Pour terminer, nous avons vu les dernières chambres à gaz qui sont encore conservées. On nous a expliqué que seules les personnes qui étaient directement sous le jet de gaz mouraient immédiatement. Les autres agonisaient pendant environ 20 minutes, ce qui explique les nombreuses griffures d’ongles que nous avons pu voir sur les murs de cette chambre à gaz. Juste à coté il y avait plusieurs fours crématoires où l’on brûlait les corps des gazés.
Ce que j’ai ressenti …
Cette journée, nous l’avons tous plus ou moins appréhendée et à notre arrivée au camp d’Auschwitz Birkenau, devant la porte d’entrée, j’ai été très émue. C’est à ce moment là que j’ai pris conscience que nous étions à l’endroit où 1,1 millions de personnes étaient mortes.
Puis
j’ai ressenti beaucoup d’horreur, d’inquiétude et de tristesse, pour les
personnes qui ont été déportées, en voyant les lits et les toilettes. Mais il
était encore très difficile de s’imaginer que des personnes avaient pu vivre
dans de telles conditions et cela à cause de la folie d’autres personnes. Nous
avons parcouru le camp qui nous a surpris par sa grandeur (
Ce
qui m’a beaucoup touchée, mais surtout choquée
ce sont les griffures dans la chambre à gaz : penser que je me
tenais là où des personnes étaient mortes dans des souffrances inimaginables
était presque insupportable.
Ce
voyage a été psychologiquement très dur, mais le soutien des élèves et des
professeurs a été essentiel pour que cette visite devienne constructive et que
nous puissions faire partager cette expérience aux autres, pour que ces choses
ne se reproduisent jamais.
Ce que j’ai appris …
Nous avions déjà des connaissances avant d’aller sur place dans le
camp d’Auschwitz. Mais maintenant nous avons vu en quelque sorte la réalité,
nous sommes allés au cœur de l’horreur, là où beaucoup de personnes sont mortes.
Nous avons appris dans quelles conditions ils vivaient, comment les Nazis
ont organisé cette extermination et nous avons compris qu’il est dans notre
devoir de tout faire pour éviter que cela se reproduise, pour lutter contre
toutes formes de racisme et de discrimination pour nous mais aussi pour tous
ceux qui sont morts. C’est là notre devoir de mémoire.