Titre du film : La vie est belle
Réalisateur : Roberto Benigni
Date de réalisation : 1998


1-Le film (résumé rapide / quel aspect de la guerre est montré ?/ quel genre ?)

Guido est un jeune homme juif plein de gaieté et de vie. Avec son ami Ferrucio, il quitte la campagne pour chercher le bonheur en ville. Malgré les tracasseries de l'administration fasciste, Guido rêve d'ouvrir une librairie. En attendant, il est engagé comme serveur dans un grand hôtel. Le jeune italien tombe amoureux de Dora, l'institutrice du village, qui est prête à épouser un fasciste qu'elle n'aime pas. Pour la rencontrer et la séduire, il met au point toutes sortes de stratagèmes. Il l'enlève le jour de son mariage.
Dans cette première partie : installation d'un véritable climat de conte de fée

Cinq ans plus tard, ils sont parents d'un petit Giosuè. Durant ces années, des lois raciales sont entrées en vigueur en Italie. Un jour de 1943, Dora rentre chez elle mais ne trouve ni fils ni mari. Elle apprend alors qu'ils vont être déportés, et décide par amour de monter de son plein gré dans le wagon à bestiaux qui les emmène dans un camp de concentration.
A l'intérieur du camp, par amour pour son fils, Guido n'a qu'une obsession : sauver l'innocence de son fils en lui cachant la réalité. Pour cela il lui raconte que le camp est un jeu, qu'il crée au fur et à mesure. Si Giosuè accepte de se cacher, de se taire, de ne pas manger à sa faim, il gagnera des points, les méchants prendront la fuite, et il gagnera un véritable char d'assaut.
Dans cette deuxième partie, on retrouve les mêmes personnages, mais au camp. Ils réagissent donc en conséquence du contexte.

Þ histoire d'une famille heureuse qui soudain, en n'ayant commis aucune faute, est jetée dans l'horreur.

Pas une reconstitution historique, mais un conte, une fable dans laquelle l'histoire entre comme un matériau. Benigni revendique ce droit à prendre des libertés avec le réalisme, car de toute manière rien ne peut approcher la réalité du camp.


2-L’extrait choisi

°Départ de Guido, Giosuè et de l'oncle vers un camp de concentration. Guido fait l'éloge des conditions du voyage, se moque de la précision des allemands, pour ne pas effrayer son fils. Dora, qui n'est pas juive, monte de son plein gré dans le train pour rester avec son mari et son fils. A la descente du train les femmes, hommes et vieillards sont séparés. Les vieillards et malades sont conduits aux chambres à gaz :c'est ce que nous allons voir dans notre second extrait.
Þ cruauté des nazis.
°L’oncle de Guido et tous les autres déclarés inaptes au travail sont gazés. Les nazis leurs ordonnent de faire attention à leurs affaires et qu’ils les récupéreraient après la douche.
°Un médecin SS, ancien client de Guido obsédé par les devinettes, demande de l'aide à Guido alors que celui-ci croit qu'il va l'aider à sortir du camp. Le médecin est catastrophé, fatigué, il ne dort plus la nuit, il supplie Guido de lui trouver la réponse à la devinette.
Þ Folie des nazis


3-Quel message ?

°Pour le réalisateur faire des éloges est un moyen de mieux dénoncer l’inhumanité et les circonstances atroces du voyage.
°Cet extrait souligne la cruauté des nazis. Ils les trompent pour ne pas les affoler. On voit également que les juifs n’étaient pas rancuniers lorsque l’oncle de Guido aide la jeune femme allemande à se relever après avoir trébuché. Celle-ci ne le remercie pas et à la place lui lance un regard noir.
°On voit clairement que « les hommes normaux » (évoqué dans le poème shemà de Primo Levi) amplifient des choses totalement subtiles, banales, dérisoires alors que Guido lui connaît l’enfer du camps.

- le personnage central, Guido, est antifasciste dans son cœur et dans son corps : il incarne la générosité, la victime innocente. En effet, il était un juif intégré, qui ne s'occupait pas de politique, et a pourtant vu sa vie se briser.
- il se sacrifie pour son fils, fait tout pour éviter le traumatisme à son enfant, pour protéger sa pureté.
- Giosuè est à l'âge charnière où on comprend tout mais où on peut aussi croire qu'il s'agit d'un jeu.
- Quand même un message d'espoir (le char à la fin et les retrouvailles de l'enfant et de sa mère) : la vie vaut quand même la peine d'être vécue.
- Message universel sur le génocide : rapprochement dans les années 1990 avec la situation en ex-Yougoslavie ?


4-Par rapport au contexte, quelle mémoire de la guerre est véhiculée ?

- Références de Benigni : Primo Levi / Maus de Spiegelman, où les juifs sont des souris et les Allemands des chats / l'historien Marcello Pezzetti / des témoignages de déportés.
- Angle d'approche très particulier : le rire, le bonheur (titre), car dans les situations extrêmes, le rire peut sauver. Réussir à imaginer un côté amusant dans une situation horrible est une forme de résistance.
- les écarts par rapport à la réalité : un enfant comme Giosuè n'aurait pas dû survivre / aucun nom ou référence à un camp précis, pour qu'aucune mémoire ne soit trahie.
- Benigni rappelle aussi que les persécutions des juifs ont commencé, en Italie, bien avant l'arrivée des nazis. Ne plus occulter ce passé antisémite.


5-Accueil du film à sa sortie

Bien accueilli dans la communauté juive italienne.
Certains ont été choqués par la forme, et par le mélange comédie / drame.
En Israël, des arbres sont plantés en l'honneur de Benigni.

Film qui fut beaucoup récompensé : Grand Prix du Jury au festival de Cannes. Au festival de Cannes, le réalisateur a dédié sa récompense (Grand Prix du Jury) " à tous ceux qui ne sont plus là, disparus pour nous faire comprendre ce qu'est la liberté, et la vie "


6-Réactions personnelles

°Film à la fois drôle et émouvant, interprété par un Roberto Benigni au sommet de son art.
Un chef d’œuvre à déguster !
°Ce que nous avons le plus apprécié dans ce film, c'est l'idée du père qui protège son fils d'un traumatisme, et ainsi qui préserve la pureté et l'innocence de son enfance.

Débat :
Fuir le réalisme, n'est-ce pas cacher la réalité ? (point de vue de Benigni : l'artiste thahit forcément car il doit choisir un style).