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PROJET PEDAGOGIQUE INITIAL

 


 

            Ce voyage à Auschwitz pourrait être le point d'orgue d'un projet pédagogique conçu avant même que je sache que le Mémorial de la Shoah et la Fondation pour la Mémoire de la Shoah organisaient ce voyage d'étude. Confrontée de plus en plus fréquemment à de désarmantes questions (" Mais pourquoi les Juifs ? Il a bien fallu qu'ils fassent quelque chose pour qu'on leur en veuille à ce point"), j'ai réalisé que de nombreux élèves ne mesurent pas réellement l'ampleur de ce que fût la Shoah. J'ai donc pris la décision, cette année avec la classe de 1ère L dont j'ai la charge, de travailler sur la Mémoire en leur faisant rencontrer un de mes amis, Benjamin Rapoport, déporté " racial " et interné de 1940 à 1944, notamment à Auschwitz. Pouvoir amener les élèves sur les lieux constitue une opportunité sans précédent : c'est ce qui motive cette candidature du lycée Maine de Biran.

 

I. LA MEMOIRE D'AUSCHWITZ (TRAVAIL PRELIMINAIRE)

            - Il s'agit d'amener les élèves à s'interroger sur ce que représente Auschwitz pour les jeunes générations, en faisant émerger leurs propres représentations, mais également celles de leurs camarades du lycée. Les élèves élaboreront un questionnaire, anonyme, qui sera soumis aux autres classes. Le dépouillement des réponses conduira à la rédaction d'une synthèse : " quelle mémoire d'Auschwitz aujourd'hui ".

 

II. L'EXPLOITATION DIRECTE DU VOYAGE Ë AUSCHWITZ

            - Si la candidature de Maine de Biran est retenue pour ce voyage d'étude, les élèves partiront avec une caméra. Ils seront absolument libres de filmer ce qu'ils veulent du camp (dans les limites du règlement du site). Ils monteront eux-mêmes le film[1]. Il s'agit de les amener à justifier leurs choix de montage : pourquoi choisir tel plan ou telle séquence ? Que veulent-ils montrer ? Que veulent-ils faire partager ?

De retour à Bergerac, le film pourra être projeté à l'ensemble des classes, de la seconde à la terminale. A l'issue de la projection, les élèves ayant participé au voyage recueilleront les impressions de leurs camarades, en les interrogeant par le biais d'un autre questionnaire (qu'il faudra confronter à celui recueilli auparavant sur la mémoire d'Auschwitz). Cette (ou ces) projection(s) sera également l'occasion d'organiser un débat, afin que les 1ère L transmettent aux autres élèves du lycée leurs propres impressions, les sentiments auxquels ils ont pu être confrontés à Auschwitz et ce que représente désormais pour eux un tel lieu.

            Conjointement à cela, les élèves ayant participé au projet (du moins certains d'entre eux) travailleront, dans le cadre des TPE (Travaux Personnels Encadrés), sur l'utilisation de l'image à Auschwitz. A partir des clichés anthropométriques des déportés pris à leur arrivée au Lager qui, détournés de leur fonction première, sont devenus une partie de la mémoire d'Auschwitz en s'offrant désormais au regard du visiteur (lui rappelant ainsi que la souffrance et la mort des déportés étaient celles d'êtres humains et non pas de bétail déshumanisé et immatriculé), il s'agit d'amener les élèves à réfléchir sur l'utilisation de l'image comme parcelle de la mémoire de la Shoah. Mémoire qu'ils confronteront à celle du témoignage des survivants. Ils pourront également travailler sur les clichés pris dans les camps, ceux pris par les Nazis et ceux pris par les détenus eux-mêmes (ces derniers ayant fait l'objet d'une exposition à l'Hôtel Sully en 2001).

 

III. AUTRES TRAVAUX MENES SUR LA MEMOIRE DE LA SHOAH

            D'autres élèves travailleront justement sur les témoignages des survivants :

- Celui de Benjamin Rapoport ayant raconté sa douloureuse expérience de la déportation dans un ouvrage publié en 2002 (Ma vie, mes camps, aux éditions L'Harmattan) et qui, âgé de maintenant 97 ans, n'a de cesse de rencontrer les jeunes générations pour " leur dire ", lui qui s'est si longtemps tu m'a-t-il confié un jour. Outre la retranscription du récit de B. Rapoport (construit à partir de l'interview qu'ils réaliseront), les élèves s'interrogeront sur le rôle du témoin, sur la place qu'il tient dans la mémoire de la Shoah tant pour les historiens que pour la société civile. Ils devront également réfléchir sur ce qu'eux devront désormais transmettre alors que disparaissent peu à peu ceux qui ont survécu.

- Un travail similaire pourrait être mené avec les récits des déportés qui accompagnent les élèves lors de ce voyage d'étude, s'ils acceptent de le faire.

            Certains, puisqu'il s'agit d'une classe où des élèves suivent une option " musique " s'interrogeront sur le rôle de la musique à Auschwitz, mais aussi dans les autres Läger, entre orchestres " officiels " montés par les nazis et clandestins, chants du camps, ceux que les déportés étaient contraints d'entonner et les chants de résistance. Il s'agit, outre une analyse de cette " présence musicale ", de recueillir sur bande audio ces chants et de les présenter dans leur contexte.

            D'autres, enfin, travailleront sur le négationnisme et le révisionnisme : leurs fondements, leurs origines, leur audience, par le passé et actuellement.

            Un certain nombre de rencontres peuvent être envisagées :

- Avec Jean-Marie Matisson, partie civile au procès Papon, afin d'évoquer ce que représente pour la mémoire de la Shoah et les familles des victimes la condamnation par la justice républicaine d'un fonctionnaire particulièrement zélé dans la collaboration et la déportation.

- J'étudie également la possibilité d'organiser une rencontre entre les élèves et Bernard Reviriego, directeur des Archives départementales de la Dordogne et auteur des Juifs en Dordogne, 1939-1944, publié en 2003 par les Archives et les éditions Fanlac.

            L'ensemble des travaux menés par les élèves (impressions de voyages, comptes-rendus des débats et synthèse des échanges avec les autres lycéens, retranscription des témoignages des survivants accompagnés des commentaires et des réflexions des 1ère participant au projet, différents travaux menés sur la mémoire...) pourra être rassemblé sur un site internet et, pourquoi pas, en fonction des moyens disponibles, faire l'objet d'une publication.

La mise en oeuvre de ce projet s'effectuera, pour l'essentiel, dans le cadre des TPE.


 

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[1] Pour cela, l'assistance technique est assurée par l'association Studio Regard d'Aquitaine (studio@regardaquitaine.org
10 impasse Doublet - 24 100 Bergerac - site internet : www.regardaquitaine.org).