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VOYAGE Ë AUSCHWITZ : QUESTIONNAIRE 1

 


            Ce questionnaire a été proposé, début mars (aux alentours du 7), à l'ensemble des élèves de 1ère L, y compris à ceux qui avaient déjà manifesté leur souhait de ne pas participer au voyage. Sur 33 élèves de la classe, seuls 18 questionnaires m'ont été rendus, en dépit de mes fréquentes sollicitationsÉ

Les recommandations "officielles" étaient les suivantes :

            Prenez le temps de réfléchir avant de répondre à ce questionnaire : il ne s'agit pas d'un contrôle de connaissances, mais de faire émerger vos représentations sur Auschwitz. Répondez donc en toute honnêteté, n'hésitez pas à développer vos réponses : nul ne sera jugé sur ce qu'il écrit. A faire, individuellement, sur une feuille de copie en pensant à mettre le numéro de la question à laquelle vous répondez. Ce questionnaire peut rester anonyme si vous souhaitez qu'il en soit ainsi.

            Le travail d'analyse des réponses est ici très succinct. Il aurait été intéressant de se pencher sur le vocabulaire employé par les élèves et notamment l'utilisation très fréquente du mot "prisonnier" au lieu de "déporté". Mais le temps m'a manquéÉ

1/ Avant que nous ne commencions à travailler sur le système concentrationnaire nazi et à préparer ce voyage, qu'évoquait pour vous le nom d'Auschwitz ?

            "Avant de travailler sur Auschwitz, ce nom n'évoquait que peu de choses. Je pensais que c'était un camp de concentration, qu'il s'y était passé des choses graves, mais je ne connaissais pas beaucoup de détails. Alors, cela ne me préoccupait pas trop"É

Huit élèves admettent qu'avant d'entamer le travail que nous avons conduit sur le système concentrationnaire, Auschwitz n'évoquait pour eux rien de réellement précis, avouant qu'ils ne savaient pas qu'il s'agissait d'un camp d'extermination (ce sont d'ailleurs les mêmes qui répondent qu'ils ne faisaient pas la différence entre camps de concentration et d'extermination à la question 3).

            Peu d'élèves ont une image précise d'Auschwitz. Pour certains, le nom du Lager évoque le Mal Absolu : "[cela]évoquait pour moi la preuve de ce qu'il y a de pire dans l'être humain. Cela évoquait une douleur, un déchirement indicibles perpétrés sur des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants" ; "allégorie du fascisme" (!) ; "le pire des camps de concentration et d l'horreur nazie" ; "le plus connu des camps, l'exemple de la cruauté, la peur, la mort, la déshumanisation" ; "Auschwitz a toujours représenté pour moi l'horreur"

            Dans deux cas, le nom évoque des images : "La première image qui s'impose à mon esprit est l'entrée du camp, avec la sorte de tour, peut-être pour ne pas rentrer dans les murs ou parce que c'est la représentation la plus courante que l'on donne d'Auschwitz. [É] Ce sont ces visages [ceux des photographies de déportés dans un ouvrage consulté par l'élève au CDI de son collège] aussi qui me viennent à l'esprit" ; "Le nom d'Auschwitz n'évoquait aucun mot, seulement une image, celle d'un bulldozer qui pousse des corps pour les regrouper en tas, c'est l'image que j'ai en tête chaque fois que j'entend le nom d'Auschwitz".

Cette dernière affirmation est intéressante pour ce qu'elle révèle de confusions et d'absence de connaissances précises et fiables sur le système concentrationnaire. Auschwitz n'était pas connu en tant que tel, mais ne se révélait être qu'un faible écho de ce qui a été vu en 3ème. La spécificité du lieu (un camp mixte), son immensité, la complexité de sa structure sont inconnues des élèves. Auschwitz était le nom entendu en classe ou dans les médias, difficile à prononcer, encore plus à écrire, le symbole du système concentrationnaire nazi, mais sans qu'ils sachent réellement en quoi Auschwitz est justement "exceptionnel".

2/ Saviez-vous où se trouve Auschwitz ?

            Cinq élèves sur 18 avouent qu'ils ignoraient où se trouve Auschwitz : trois étaient persuadés que c'était en Allemagne, un le situait plutôt vers l'Autriche et un autre penchait pour l'Europe de l'Est, sans savoir vraiment où.

3/ Faisiez-vous la différence entre camps d'extermination et camps de concentration ?

            Une majorité d'élèves ne faisait pas véritablement la différence entre camps de concentration et camps d'extermination :

- Trois avouent qu'ils ne faisaient absolument pas la différence entre les deux. Une élève semble même dire qu'elle n'avait pas conscience de l'existence de la mise à mort industrielle pratiquée par le IIIème Reich (peut-être est-ce moi qui sur-interprète ?) : "Non, je pensais qu'il n'y avait qu'un type de camp. Ce que j'imaginais se rapprochait plus du camp de concentration que d'extermination".

- Dix concèdent qu'ils s'imaginaient bien qu'il y avait une différence (ne serait que parce que ce n'est pas le même nom dit l'une d'entre eux !), mais sans réellement pouvoir l'expliquer, ces notions étant très vagues pour eux.

- Deux se souvenaient un peu plus précisément de la différence existant entre les deux : "Les camps d'extermination sont des camps où le but est de mettre à mort des personnes, comme industriellement, à la cha”ne, tandis que dans les camps de concentration, la mort est lente, elle se fait au fil des jours qui passent, en même temps qu'une déshumanisation" ; "Pour moi, un camp d'extermination signifait une mort rapide, par les chambres à gaz ou les crématoires, un camp de concentration, une mort lente par la honte, le travail, la faim, le froid, la peurÉ"

- Deux, enfin, affirment qu'ils faisaient la différence, mais n'en disent pas plus.

4/ Connaissiez-vous les chiffres des victimes ?

            La plupart des élèves répondent ne pas conna”tre le chiffre exact des victimes, tout en affirmant qu'ils avaient conscience de l'importance de ces chiffres (11 sur 18). Deux avouent qu'ils n'en savaient rien. Seuls quatre élèves proposent un nombre : l'un distingue les morts d'Auschwitz et le chiffre total (1 million et 5 millions), on trouve ensuite 1 million (sans qu'il soit possible de déterminer s'il s'agit pour l'élève concerné des seuls morts d'Auschwitz ou d'un chiffre considéré comme global), 5 millions, 6 millions et 7 millions. Dans tous les cas, il semble que les seules victimes juives sont comptabilisées, sans de réelle distinction entre les différents modes d'extermination.

            Deux réponses méritent d'être signalées :

- celle de Marie-Pierre, qui sans renier l'importance de ces chiffres, considère qu'ils ne sont pas tout : " Le nombre très (trop) important de victimes contribue à l'horreur du phénomène, mais l'exécution d'un tel projet n'a pas besoin d'un nombre phénoménal pour être effrayante. De plus, les victimes ont déjà beaucoup été considérées en tant que numéros. Je m'intéresse davantage aux traces laissées, photos, témoignagesÉ Je ne renie cependant pas l'importance de conna”tre l'ampleur de la catastrophe. Mais, en règle générale, je retiens difficilement les chiffres, quoique ceux-ci méritent un effort."

- celle de Charlotte P. qui signale qu'elle ne concevait pas l'ampleur du génocide.

5/ Que signifie pour vous l'expression " devoir de mémoire È ?

            " Pour moi, l'expression "devoir de mémoire" signifie montrer aux générations passées que l'on n'a pas oublié ce qu'ils ont vécu, que leurs souffrances et leurs actions nous servent encore aujourd'hui à construire nos vies et c'est une preuve de ce qu'est capable de faire l'Homme. Or, si l'on sait ce dont il est capable, on est peut-être plus apte à ne pas se laisser emporter par les mouvements extrémistes et à avoir un regard plus objectif sur le monde qui nous entoure."

Cette réponse (Anonyme 2) fait un peu la synthèse de ce qui est revenu le plus fréquemment :

- le "pour plus jamais ça" l'emporte largement, même si certains émettent quelques réserves en rappelant que cela ne suffit pas (Anonyme 5 et Fabien) ou que le "devoir de mémoire " ne devrait être qu'une étape pour aller plus loin (Marie-Pierre et Pauline).

- Très régulièrement évoquées aussi, la nécessité de montrer que les victimes ne sont pas oubliées et la manifestation de la compassion que l'on éprouve pour elles.

Certains considèrent que c'est une obligation (Léa, Anonyme 5). Après un long développement, Anonyme 4 conclue de la manière suivante : " Cela peut faire peur, le fait que l'on nous ait confié la tâche d'inculquer aux générations futures les notions de "plus jamais ça" car, si une IIIe Guerre mondiale devait éclater, se serait un sentiment d'échec pour nous, mais aussi pour toutes les victimes mortes pour rien, car finalement, leur mort n'aura même pas servi à faire réfléchir les hommes."

Les mises en garde, lorsqu'elles sont évoquées, ne s'adressent qu'aux futures générations, aux jeunes, comme s'ils estimaient que seuls eux et ceux qui les suivront pouvaient ne pas avoir conscience du génocide. Il convient de faire ici le parallèle avec la certitude que l'éloignement temporel des événements les rend incompréhensibles (ce que beaucoup "vérifient" quotidiennement en cours d'histoireÉ) et que la disparition des derniers acteurs de la Seconde Guerre mondiale va plonger cette période dans l'oubli, si, eux, ne remplissent pas leur devoir de transmission de mémoire (exit les historiensÉ). Le devoir de mémoire est rarement perçu comme une éventuelle mise en garde contre les bourreaux, passés ou futurs, à l'exception de Anonyme 1 et Jason. On ne trouve qu'une seule référence au négationnisme (Louise).

Le devoir de mémoire appara”t pour l'un d'entre eux (Anonyme 3) comme "défendre des idéaux qui ont été, pendant longtemps, oubliés tels la dignité de l'Homme". D'autant plus que certains redoutent que, "par confort" (Leslie), nombreux soient ceux qui préfèrent oublier.

Un élève confesse enfin que ce devoir de mémoire lui para”t "combler le sentiment d'impuissance" qu'il ressent face à l'indifférence de certains sur ce sujet (Anonyme 6).

6/ Quelle différence faites-vous (si vous en faites une) entre Histoire et Mémoire ?

            Une question bien difficile, si ce n'est la plus difficile de ce questionnaireÉ D'autant plus qu'elle leur a été posée avant que nous ne travaillons, avec M. Clamens, sur Histoire et Mémoire.

            La plupart des élèves estiment que Mémoire et Histoire sont intimement liées, à une exception près (Anonyme 2). A partir de cela, les opinions divergent : certains pensent que la Mémoire est la transmission de l'Histoire (Charlotte B.), d'autres que c'est plutôt l'inverse, que "L'histoire amène la mémoire. Et sans l'histoire, la mémoire ne serait pas transmise, je pense." (Elsa). Autre réponse intéressante quant à la formulation : "l'Histoire permet de savoir, alors que la Mémoire permet de se souvenir" (Charlotte P.).

            D'une manière générale, l'Histoire, c'est une science, l'étude des faits, qui permet de comprendre nos société actuelles, expliquer le contexte. Elle est perçue comme neutre (Louise), objective (Hugo, Pauline, Leslie).

La mémoire, quant à elle, est moins aisément définie (cf. Anonyme 6 qui avoue avoir eu des difficultés à répondre ou Léa qui ne distingue pas vraiment Histoire et Mémoire) : elle se compose de témoignages, c'est un jugement, pas une science, un devoir pour les citoyen (Anonyme 5), "c'est le fait de penser, de remercier, de fêter ceux qui ont vécu et ont souffert, de ne pas oublier qu'il y a eu une vie avant nous" (Anonyme 1). Cette notion est plus vague dans l'esprit des élèves, ils sont peu nombreux à émettre l'idée qu'elle puisse être l'objet d'une critique (Anonyme 1) en tant que réinterprétation des faits (Fabien, pour qui l'Histoire serait une "information brute").

            On attribue parfois à l'Histoire la faculté d'éviter de reproduire les erreurs du passé, parfois, c'est à la Mémoire que cette tâche incombe.

7/ Quelles sont, actuellement, vos représentations sur Auschwitz ?

            Actuellement sous-entendait "après le travail effectué en classe cette année". Il y a différents types de réponses à cette question :

Il y a ceux qui disent que leurs représentations sur Auschwitz ont changées : après un long développement sur l'aspect industriel de la mise à mort, Anonyme 6 confesse la peur que lui inspire ce voyage.

D'autres affirment que leurs représentations d'Auschwitz ont peu changées. Anonyme 2 rapporte que c'est plutôt son rapport à la mémoire qui a évolué avec le travail mené en classe. Il en est arrivé à la conclusion que "certaines personnes, à trop vouloir de mémoire, la tue". Il ne précise cependant pas pourquoi il en est arrivé à une telle conclusion. Marie-Pierre et Leslie, dont les représentations n'ont pas changées non plus, concèdent qu'elles sont cependant maintenant plus précises.

Pour deux élèves sondés, il appara”t qu'il leur est impossible de se représenter Auschwitz (Anonyme 5 et Charlotte P.)

La majorité des élèves dit comment ils perçoivent Auschwitz :

- Cette représentation reste celle des images du camp qu'ils ont vues auparavant, dans les documents ou médias (Charlotte F., Elsa) ou la description qu'ils en ont lu (la déposition de Mme Vaillant-Couturier, et notamment l'appel pour Jason).

- Auschwitz provoque un sentiment d'horreur et de peur : "le symbole, l'emblème de la barbarie" (Anonyme 3), "la déshumanisation" (Charlotte B.), "un espace cauchemardesque" (Louise).

- C'est une sorte d'Oradour-sur-Glane, mais en plus impressionnant (Anonyme 4) ; "Un lieu silencieux, immobile encore sous le choc" (Léa).

- Certains pensent qu'Auschwitz "ne ressemble plus à grand chose" (Anonyme 1), "Comme un lieu qui a perdu de son horreur avec la reconstruction façon "tourisme"" (Hugo).

Enfin, un peu à part, Fabien affirme : "Ma représentation sur Auschwitz est quelque chose de dur pour moi. Beaucoup de gens me disent, tu vas " voirÈ Auschwitz, je ne pense pas que je vais ÇvoirÈ Auschwitz, je vais imaginer Auschwitz .Car le camp n'est plus le même, c'est pour moi devenu une image que l'on offre aux " visiteurs ". une image bien différente du camp de 1945, puisqu'il y a de l'herbe, plus de poussière de corps, plus aucune odeur, on ne peut qu'imaginer le pire et se dire c'était ici. Malgré cette image, je ressens un besoin viscéral d'y aller."

8/ Nous allons réaliser un film sur ce voyage à Auschwitz. Partant de ce que vous savez et de vos représentations d'Auschwitz, que souhaiteriez-vous montrer dans ce film ?

            La plupart ont une idée plus ou moins précise de ce qu'ils voudraient montrer.

Trois seulement disent ne pas vraiment savoir : Léa qui dit : "Les images, on les voit. Mais nous dans les images, c'est autre chose" ; Anonyme 6 qui souhaite cependant que cela soit différent de ce que l'on a l'habitude de voir et Fabien qui lie cette question à la précédente (Etant donné la représentation que j'ai d'Auschwitz, je ne saurai pas quoi filmer en particulier. Je pense que je ferai le plan final sur l'herbe au pied des barbelés pour dire, les nazis l'ont arraché pour pas que les détenus la mangent, maintenant on la laisse pousser pour nous donner un " espoir "").

Deux souhaiteraient montrer qu'il est impossible de montrer la réalité du système concentrationnaire (Anonyme 2 et Hugo).

La grande majorité opte plutôt pour le film "pédagogique" qui montrerait le "quotidien" du déporté (Charlotte F., Jason, Marie-Pierre, Charlotte P., Elsa, Louise, Leslie, anonymes 1 et 3).

En même temps, le film "militant" du "plus jamais ça" est mis en avant (Elsa, Pauline, Leslie).

On souhaite rendre leur dignité aux victimes (Anonyme 2 et Leslie).

On veut filmer et analyser les réactions des élèves à Auschwitz même (Anonymes 1 et 4, Charlotte B., Louise).

9/ Savez-vous quelles sont les motivations qui vous ont conduit à entreprendre ce voyage ? Lesquelles ? (De la même manière, si vous n'avez pas souhaité faire ce voyage, savez-vous pourquoi ?)

            Ce qui revient le plus fréquemment, c'est le besoin de "savoir", de "voir" (Anonymes 1, 2, 4, 5 et 6, ce dernier pour pouvoir "retransmettre", Charlotte F. qui veut "mieux voir le camp de mes propres yeux, comme l'ont vu les déportés", Jason, Hugo, Marie-Pierre, Charlotte B., Elsa, Louise et Pauline).

            Sont également évoqués :

- le devoir de Mémoire (Anonyme 3, Jason, Marie-Pierre et Leslie qui avoue que ce voyage lui fait peur) ;

- la volonté de partager avec les déportés et/ou la classe une expérience humaine enrichissante (Elsa, Pauline, Marie-Pierre) ;

- saisir l'opportunité qui est offerte de se rendre sur les lieux (Anonyme 5, Léa, Charlotte qui, pourtant, refusait dans un premier temps d'effectuer ce voyage : "Au départ, je ne souhaitais pas partir simplement par peur. Pourtant cela me paraissait très intéressant (si on peut utiliser ce terme). Puis, je me suis dit que je n'aurais sûrement plus l'occasion de faire un tel voyage. J'ai refusé au début, mais désormais, je veux vraiment visiter ce camp").

- Certains ont besoin de le faire pour eux, pour leur conscience (Léa, Louise), souhaitent se mettre en danger, eux qui vivent dans le confort (Anonyme 1 : "Oui, je pense conna”tre, vaguement, mes motivations. Je crois que j'ai "besoin" de voir, parce que nous tous vivons dans un monde "parfait" comparé au monde dans lequel les victimes de la Shoah vivaient, et c'est important pour moi de conna”tre le mal, nous sommes très chanceux en France et nous ne nous rendons pas compte de la pauvreté, la souffrance, le mal et l'horreur qui ont pu arrivé sur notre Terre" ; Anonyme 2 : "Les motivations qui m'ont conduite à faire ce voyage sont l'envie de me dégoûter un peu plus de l'Humanité, mais aussi un besoin de savoir et une certaine façon de me dire que notre vie est un véritable paradis").

Fabien, enfin, dit ne pas pouvoir expliquer pourquoi il souhaite se rendre là-bas. C'est un besoin, explique-t-il. Il a cependant peur de ne rien éprouver une fois sur place. Peur que partage Marie-Pierre.

10/ De nombreuses voix s'élèvent en ce moment qui doutent de la pertinence d'organiser un voyage d'une journée pour des scolaires à Auschwitz. Qu'en pensez-vous ?

            La question, mal formulée j'en conviens, pouvait être interprétée de deux façon, sur la pertinence d'effectuer un voyage à Auschwitz ou sur celle de la durée extrêmement courte.

Concernant le voyage en lui-même, une majorité d'élèves pensent qu'il ne faut pas douter de sa pertinence :

- Il est utile pour relativiser certaines choses : "Je pense que beaucoup de gens, de nos jours, croient que leur petite vie tranquille est un enfer. Chose qui, pour moi, est fausse. Peut-être qu'une petite visite qui montre si peu de l'horreur que fut le système concentrationnaire leur ferait du bien".

- Il est nécessaire au devoir de mémoire (Anonymes 3 et 5, Charlotte F. qui précise qu'il ne faut cependant forcer personne à y aller, Louise, Pauline, Charlotte P., Leslie qui replace cette nécessité dans un contexte de recrudescence de l'antisémitisme, Anonyme 5 et Marie-Pierre).

- Pour Jason, douter de la pertinence d'un tel voyage, c'est douter de la pertinence des élèves.

- Certains estiment que certaines réticences sont cependant compréhensibles : ce type de voyage doit, disent-ils, s'appuyer sur un travail préparatoire important (Anonyme 6, Pauline). Anonyme 1 semble plutôt se faire l'écho de ce que peuvent dire, à propose de la pertinence de voyage, ceux qui ne savent rien de la Shoah et admet avoir peur de ne rien ressentir à Auschwitz.

Concernant la durée du voyage :

- Léa rappelle que d'y participer relève d'un choix personnel et que "de toute façon, une journée ne me para”t pas trop courte pour faire son propre devoir de mémoire".

- D'autres estiment cependant qu'un aller-retour sur la journée, c'est un peu court :

* Marie-Pierre ("je pense que c'est vrai qu'une journée c'est un peu court, surtout quand on considère le temps du trajet. La journée sera dense et il sera difficile de tout voir, de tout percevoir, ce n'est pas très favorable à la commémoration et au recueillement. Cependant, si le voyage durait davantage, je suppose qu'il serait aussi plus cher et, dans ce cas, moins accessible") ;

* Anonyme 4 ("Je pense qu'elles ont raison, car une journée est trop courte car on arrive choqué et on n'a pas le temps de se poser pour réfléchir et visiter comme il se doit Auschwitz") ;

* Elsa ("Un voyage d'une journée pour découvrir et comprendre Auschwitz, c'est très court, surtout que le camp se trouve loin de Bergerac. Et j'ai l'impression que le temps que l'on nous explique, que l'on "visite", etc.. la journée sera vite passée et on n'aura pas eu le temps de tout comprendre. Je ne pense pas que cela ne sera pas pertinent, mais ce sera beaucoup trop court. Cette journée sera une journée-marathon, mais j'ai envie d'y aller quand même, car l'occasion d'aller à Auschwitz ne se présentera pas deux fois").

Pour finir, deux réponses, différentes, qui se distinguent des autres :

- Celle de Fabien qui concède ne pas pouvoir donner d'avis sur cette question ("je ne sais pas quoi en penser puisque moi-même j'ai un avis assez paradoxal sur ce lieu, mais je ressens le besoin d'y aller. C'est tout ce que je peux répondre a cette question").

- Celle d'Hugo qui semble sous-entendre que ce type de voyage est inutile, incriminant, plus ou moins directement, l'indifférence et l'égoïsme des lycéens (Des lycéens ne pourront jamais comprendre ce qui s'est passé là-bas. Je sais que je ne parviendrais pas à "honorer" la mémoire des morts intérieurement (des pensées cyniques me traversent forcément l'esprit). Je crois aussi qu'environ 70% de ceux qui partent se fichent d'honorer la mémoire de personnes dont la mort n'aura aucune répercussion sur leur petite vie joyeuseÉ)

 

Les réponses des élèves dans leur intégralité.

 


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