Rwanda

Chronologie

1897 Établissement d’un protectorat militaire allemand sur le Rwanda.

1900
Fondation de la première Mission catholique à Save par des prêtres appartenant à la Société des Missionnaires d’Afrique.

1916
Les troupes belges chassent les quelques officiers allemands et le pays passe sous administration miliaire belge.

1922 La Belgique reçoit le Mandat de la Société des Nations sur les « Territoires du Ruanda-Urundi »

1931
La mention ethnique est apposée sur les livrets d’identité visant à recenser les hommes adultes valides en vue de récolter l’impôt et d’appliquer le travail forcé. Le roi Musinga, hostile à l’évangélisation est déposé par les autorités belges. Son fils, Mutara Rudahigwa, accède au trône.

1946
Le Rwanda et le Burundi passent sous la Tutelle belge, les Nations Unies prenant le relais de la SDN.

1957
Publication du Manifeste des Bahutu, sous-titré « Note sur l’aspect social de la question raciale indigène », signé par une partie élite hutu parmi laquelle figure Grégoire Kayibanda. Ce texte recommande le maintien de la mention ethnique sur les cartes d’identité et conseille le recours à la médecine en cas de « métissage ».

1959 (octobre)
Grégoire Kayibanda fonde le Parti pour l’Émancipation du peuple hutu (le Parmehutu) qui exige l’abolition de la « colonisation tutsi » avant le départ des Belges.

(novembre) « Révolution sociale hutu » qui se traduit dans les faits par le massacre de plusieurs centaines de Tutsi. Les violences visent essentiellement les membres de l’administration « indigène », c'est-à-dire les chefs et les sous-chefs, mise en place par le colonisateur qui renverse alors son alliance initiale en encourageant désormais la « Révolution hutu ». Des dizaines de milliers de Tutsi prennent le chemin de l’exil dans les pays limitrophes.

1961
La monarchie est abolie par référendum.

1962 (1er juillet)
Le Rwanda accède à l’indépendance sous la présidence de Grégoire Kayibanda.

1963- 1964 (décembre-janvier)
Des incursions d’exilés tutsi (surnommés Inyenzi – cafards – en raison de leurs attaques nocturnes) depuis le sud du pays déclenchent une répression féroce contre les Tutsi de l’intérieur. Les massacres prennent une ampleur considérable à Gikongoro : entre 10 et 20% de la population tutsi de cette préfecture sont assassinés par des bandes armées de lances et de bâtons, sur ordre du préfet. Les violences s’étendent ensuite aux préfectures environnantes et font au total entre 10 000 et 14 000 victimes. Dans l’édition du journal Le Monde du 6 février 1964, le philosophe Bertrand Russel dénonce un « massacre d’hommes le plus horrible et le plus systématique auquel il a été donné d’assister depuis l’extermination des Juifs par les nazis en Europe. » Des dizaines de milliers de Tutsi grossissent les rangs des réfugiés.

1973 (février-mars)
Des purges organisées par des « Comités de salut public » provoquent de nouvelles violences contre les Tutsi, chassés des écoles, de l’université, des séminaires et de la fonction publique. Des cases sont incendiées et environ 200 personnes assassinées.

(5 juillet)
Le général-major Juvénal Habyarimana, un officier hutu originaire du Nord du pays prend le pouvoir à la faveur d’un coup d’État.

1975
Le Mouvement Révolutionnaire National pour le Développement (MRND) est fondé. Il est le seul parti autorisé du pays.

1987
Face aux fins de non-recevoir du régime Habyarimana sur le droit au retour des réfugiés tutsi, ces derniers – et leurs descendants – fondent le Front patriotique rwandais (FPR). Ce mouvement se dote d’une branche armée, l’Armée patriotique rwandaise (APR). Il comprend par ailleurs des dissidents hutu au pouvoir en place à Kigali.

1988-1989
Le Rwanda est confronté à une grave crise économique suite à l’effondrement des cours du café et du thé sur le marché international.

1990 (1er octobre) Le FPR lance sa première offensive dans l’Est du pays, rapidement jugulée par les Forces armées rwandaise (FAR), appuyées par les troupes zaïroise, belge et surtout françaises. En réaction, les autorités rwandaises jettent en prison plusieurs milliers de personnes, dont une majorité sont Tutsi, accusées de « complicité » avec l’ennemi.

1991 (juin)
Face au mouvement de protestation de la société civile, le président Habyarimana concède le multipartisme.

1992
Les milices Interahamwe, mouvement de jeunes affidés au MRND, sont créées. Ces milices sont rejointes dans leur combat contre l’« ennemi tutsi » par un parti raciste, la Coalition pour la Défense de la République (CDR).

(mars)
La diffusion à la radio nationale d’un tract attribuant faussement l’assassinat de Hutu par des membres d’un parti à dominante tutsi sert de prétexte au déclenchement des massacres dans la région du Bugesera (Sud de Kigali). Miliciens, autorités locales et civils conjuguent leurs forces.

1993 (août)
Les Accords d’Arusha sont signés entre le président Habyarimana, les partis d’opposition et le FPR. Ils prévoient le partage du pouvoir et la fusion des armées.

(octobre)
La Mission des Nations Unies pour l’Assistance au Rwanda (MINUAR) commandée par le général canadien Roméo Dallaire entame son déploiement.

1994 (avril)
Dans la soirée du 6 avril, l’avion du président Habyarimana est abattu. Les unités d’élite de l’armée rwandaise et les miliciens quadrillent Kigali. Le colonel Bagosora réunit un comité de crise au cours duquel il refuse de remettre le pouvoir au Premier ministre Agathe Uwilingiyimana comme le prévoit la constitution.

7 avril
Le Premier Ministre est assassinée à son domicile par des militaires ; les opposants politiques hutu sont assassinés de manière systématique. Les dix casques bleus belges affectés à la protection du Premier ministre sont massacrés au Camp Kigali par des soldats rwandais. Le FPR reprend l’offensive.

8-9 avril Un gouvernement intérimaire est constitué puis prête serment.

9-15 avril Plusieurs puissances occidentales, dont la Belgique et la France, envoie des troupes au Rwanda pour assurer l’évacuation de leurs ressortissants.

21 avril
Le Conseil de Sécurité des Nations Unies réduit les effectifs de la force onusienne qui passe de 2 500 à 270 hommes dont une majorité sont des civils.

1994 (mai)
La majorité des victimes a été assassinée.

22 juin
La France lance l’Opération Turquoise sous l’égide des Nations Unies. Alors que le génocide est consommé, les forces françaises forment un glacis dans l’Ouest du pays permettant aux cadres du gouvernement extrémiste de fuir vers le Zaïre face à l’avancée des troupes du FPR.

4 juillet Le FPR remporte la bataille de Kigali.

19 juillet Les forces du génocide sont en déroute ayant poussé sur les chemins de l’exil au Zaïre et en Tanzanie plus de deux millions de civils hutu. Un nouveau gouvernement d’ « Union nationale » est mis en place à Kigali, dominé par le FPR.