A une époque où nombre d’intellectuels se sont engagés 
        soit dans le camp fasciste, soit dans le camp communiste, Fondane garde 
        une indépendance totale, car il a très tôt décelé 
        sous l’intransigeance des manifestes (surréalisme, futurisme) 
        la collusion des esthétiques et des idéologies.
        Sa poésie s’articule autour de deux figures centrales, celle 
        d’Ulysse et de Titanic.
        Certaines figures récurrentes acquièrent une dimension métaphysique 
        – l’émigrant, le fantôme, l’exilé, 
        l’errant, le naufragé – condensées dans la figure 
        du Juif. Au début de la guerre, les images de l’exode de 
        1940 ravivent, en palimpseste, l’Exode biblique. C’est à 
        une traversée existentielle de « région profonde à 
        région profonde » qu’il convie désormais son 
        lecteur.
      
Dès 1929, Fondane porte en lui toute son œuvre 
        poétique en langue française : Ulysse (1933), Titanic 
        (1937), L’Exode (posthume), Le Mal des fantômes 
        (posthume) et Au temps du poème (posthume).
        Ses poèmes constituent une odyssée existentielle, où 
        domine la figure d’Ulysse, l’émigrant, l’errant 
        qui incarne le destin de l’homme, du poète et du juif : « 
        Juif, naturellement, tu étais juif, Ulysse », ou encore « 
        Le voyageur n’a pas fini de voyager ».
        
        Dans son deuxième recueil, Titanic (1937), l’image 
        du puissant navire coulant à pic symbolise le naufrage de l’humanisme 
        occidental.
        Le troisième recueil, Le Mal des fantômes, se présente 
        comme une épopée de l’errance du peuple juif : « 
        D’autres que nous ont fait la traversée ».
        Dans Au temps du poème, c’est le ton élégiaque 
        qui domine : le poète se tourne vers un passé révolu 
        ou imagine un futur où il sera absent.
        
        Durant l’Occupation, Fondane ne cesse de remanier Ulysse : la figure 
        du voyageur s’éclaire de manière tragique à 
        la lueur des événements et s’identifie de plus en 
        plus avec le destin de son peuple.
        
Son dernier essai, réflexion esthétique et philosophique,   Baudelaire et l'expérience du gouffre (1947 posthume) a été rédigé durant les années de guerre. Refusant de considérer la poésie comme un objet, Fondane fonde une esthétique spécifique : esthétique du risque, de l'extrême, de l'inachevé.