Benjamin Fondane - Mémorial de la Shoah



L’œuvre poétique

Voyage dans les régions profondes

A une époque où nombre d’intellectuels se sont engagés soit dans le camp fasciste, soit dans le camp communiste, Fondane garde une indépendance totale, car il a très tôt décelé sous l’intransigeance des manifestes (surréalisme, futurisme) la collusion des esthétiques et des idéologies.
Sa poésie s’articule autour de deux figures centrales, celle d’Ulysse et de Titanic.
Certaines figures récurrentes acquièrent une dimension métaphysique – l’émigrant, le fantôme, l’exilé, l’errant, le naufragé – condensées dans la figure du Juif. Au début de la guerre, les images de l’exode de 1940 ravivent, en palimpseste, l’Exode biblique. C’est à une traversée existentielle de « région profonde à région profonde » qu’il convie désormais son lecteur.

L’oeuvre poétique : un Ulysse juif

Dès 1929, Fondane porte en lui toute son œuvre poétique en langue française : Ulysse (1933), Titanic (1937), L’Exode (posthume), Le Mal des fantômes (posthume) et Au temps du poème (posthume).
Ses poèmes constituent une odyssée existentielle, où domine la figure d’Ulysse, l’émigrant, l’errant qui incarne le destin de l’homme, du poète et du juif : « Juif, naturellement, tu étais juif, Ulysse », ou encore « Le voyageur n’a pas fini de voyager ».

Dans son deuxième recueil, Titanic (1937), l’image du puissant navire coulant à pic symbolise le naufrage de l’humanisme occidental.
Le troisième recueil, Le Mal des fantômes, se présente comme une épopée de l’errance du peuple juif : « D’autres que nous ont fait la traversée ».
Dans Au temps du poème, c’est le ton élégiaque qui domine : le poète se tourne vers un passé révolu ou imagine un futur où il sera absent.

Durant l’Occupation, Fondane ne cesse de remanier Ulysse : la figure du voyageur s’éclaire de manière tragique à la lueur des événements et s’identifie de plus en plus avec le destin de son peuple.

Son dernier essai, réflexion esthétique et philosophique, Baudelaire et l'expérience du gouffre (1947 posthume) a été rédigé durant les années de guerre. Refusant de considérer la poésie comme un objet, Fondane fonde une esthétique spécifique : esthétique du risque, de l'extrême, de l'inachevé.


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Exemplaire de «Titanic» dédicacé par Benjamin Fondane à Yanette Delétang-Tardif.
Coll. Eric Freedman, Paris.


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Manuscrit de travail de L'Exode.
Coll. Michel Carassou, Paris.