Benjamin Fondane - Mémorial de la Shoah



L’Ecrivain devant l’histoire

Guerre et Occupation

Naturalisé français depuis 1938, Fondane est mobilisé en février 1940 et incorporé dans le 216e régiment d’infanterie à Sainte-Assise en Seine-et-Marne. Lors de l’offensive allemande de juin, il est fait prisonnier et interné à Sens ; il s’évade mais est repris quatre jours plus tard. Libéré en septembre pour des raisons de santé, il est admis à l’hôpital du Val-de-Grâce.
Démobilisé en février 1941, il regagne son domicile de la rue Rollin, dans le 5e arrondissement. Dans Paris occupé, il se déplace sans se cacher, sans porter l’étoile jaune. Il fréquente Stéphane Lupasco, Emil Cioran, Jean Lescure. En octobre 1942, ses amis argentins, les frères Aguilar, tentent en vain de le faire venir en Argentine : les autorités françaises ne délivrent plus de visa de sortie.
C’est pour Fondane, mû par un sentiment d’urgence, une période d’intense activité intellectuelle.

Le Lundi existentiel et le dimanche de l’histoire, est remis à Jean Grenier quelques jours avant son arrestation. Suite à une dénonciation, Fondane et sa sœur Line sont arrêtés par la police française le 7 mars 1944 et conduits au camp de Drancy. Après concertation avec Paulhan et avec l’aide de Cioran et de Lupasco, sa femme réussit à obtenir sa libération comme « époux d’une Aryenne », mais non celle de Line. Fondane refuse d’être libéré sans sa sœur. Sa dernière lettre à son épouse contient son testament littéraire : il y donne des indications précises concernant la publication de son œuvre. Il est déporté vers Auschwitz le 30 mai 1944, par l’avant-dernier convoi de Drancy. Benjamin Fondane est assassiné dans une chambre à gaz de Birkenau le 2 ou le 3 octobre 1944.

Après 1944

La nouvelle de la mort de Fondane n’est connue qu’en octobre 1945. Sa femme va s’occuper de l’édition de ses oeuvres, notamment de la parution de Baudelaire ou l’expérience du gouffre par les éditions Seghers (1947). Surtout elle prépare pour les éditions de Minuit, alors avec le soutien de Jean Lescure, un plan de publication des oeuvres complètes. Mais Jean Lescure quitte Minuit et ses successeurs n’honorent pas le contrat. Dans les années qui suivirent, l’œuvre, le nom même de Fondane sont comme occultés. Quelques amis fidèles, pourtant, tentaient de maintenir vivante la flamme. Ainsi Claude Sernet qui, en 1965, fit éditer L’Exode à La Fenêtre Ardente.

« Nous verrons bien vers 1980 » avait écrit Fondane en août 1943 à son ami le poète Georges Ribemont-Dessaignes. En effet, c’est bien vers 1980 que l’œuvre de Benjamin Fondane est redécouverte et rééditée tant en France qu’en Roumanie, grâce aux efforts de Michel Carassou, de Paul Daniel et de Mircea Martin. En 1994, Monique Jutrin crée la Société d’Études Benjamin Fondane, qui publie annuellement les Cahiers Benjamin Fondane. Le premier colloque international a lieu à l’Université de Jassy (Roumanie) pour marquer le cinquantenaire de sa mort.
En 1998, diverses manifestations et publications sont organisées à l’occasion du centenaire de sa naissance dont trois colloques à Royaumont, à Haïfa et à Jassy. Depuis lors, des colloques annuels sont tenus par la Société d’études Benjamin Fondane. Depuis 2001, ils ont lieu au Foyer d’Humanisme de Peyresq (Alpes de Haute-Provence).
Le 14 novembre 1999, une plaque commémorative est posée sur la façade du 6 rue Rollin à Paris. Et le 21 mai 2006, est inaugurée une place Benjamin Fondane au début de la rue Rollin (5e arrondissement).

Benjamin Fondane
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Benjamin Fondane, soldat au 216e régiment régional, première compagnie de transmission, basée à Saint-Assise (Seine-et-Marne).
Coll. Michel Carassou, Paris.

Photographie du 6, rue Rollin, <br />Paris (5e arrondissement).
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Photographie du 6, rue Rollin,
Paris (5e arrondissement). 1942.
Coll. Centre d'information, de documentation et d'exposition d'urbanisme et d'architecture de la ville de Paris (Pavillon de l'Arsenal).

Benjamin Fondane au Val-de-Grâce.
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Benjamin Fondane au Val-de-Grâce
Paris, hiver 1940-1941.
Coll. Michel Carassou, Paris.


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Mot écrit par Benjamin Fondane à l'attention de son épouse Geneviève le jour de son arrestation et retrouvé sur sa table de travail.
Coll. Michel Carassou, Paris.