Hommage à Sarah Montard, rescapée du camp d’Auschwitz-Birkenau, décédée le 21 février 2022.

Sarah Montard née Lichtsztejn, rescapée du camp d’Auschwitz-Birkenau, est décédée le 21 février 2022.

Sarah Montard est née le 16 mars 1928 dans la ville libre de Dantzig et déclarée polonaise. Ses parents, Moïse et Maria, née Korenbaum, se sont mariés en 1927. Ils sont laïcs et anarchistes. Le père est journaliste, la mère couturière. En octobre 1930, la famille est à Paris et s’installe en 1932 dans le 20e arrondissement.

Moïse est mobilisé en 1939 dans le détachement de l’Armée polonaise en France.

Sarah est envoyée en janvier 1940 dans une maison de l’Œuvre de secours aux enfants, sur la Côte d’Azur à Boulouris, où sa mère vient la chercher en juillet.

Le 23 juillet 1941, son père est arrêté à Paris et interné au camp de Pithiviers dans le Loiret, d’où il réussit à s’évader début septembre 1941. Il entre alors dans la clandestinité.

Le 15 juillet 1942, une amie du lycée prévient Sarah qu’une arrestation massive se prépare. Mais Sarah et sa mère sont arrêtées le lendemain par la police française. À 14 ans, l’enfance de Sarah bascule. Conduites au Vél’ d’Hiv, elles réussissent à s’en évader le même jour. Elles entrent à leur tour dans la clandestinité. Sarah poursuit néanmoins sa scolarité au lycée de jeunes filles du cours de Vincennes à Paris.

Le 24 mai 1944, à 7 heures du matin, deux inspecteurs en civil viennent arrêter Sarah et sa mère suite à une lettre de dénonciation envoyée par un voisin. Conduites au dépôt du palais de Justice, elles sont internées le lendemain au camp de Drancy.

Le 30 mai 1944, Sarah et sa mère sont déportées dans le convoi 75 pour le camp d’Auschwitz Auschwitz, par le convoi n° 75. Elles arrivent le 2 juin sur la Bahnrampe de Birkenau. Elles sont affectées dans les Kommandos extérieurs dans lesquels elles effectuent d’exténuants travaux. Séparée de sa mère fin octobre, Sarah est envoyée au camp d’Auschwitz-I.

Le 18 janvier 1945, le camp est évacué. Pendant la « marche de la mort » elle retrouve sa mère et elles arrivent ensemble au camp de Bergen-Belsen. Sarah va notamment croiser Anne Frank.

Libérées par l’armée britannique le 15 avril 1945, elles reviennent à Paris le 24 mai 1945, un an jour pour jour après leur arrestation. Elles retrouvent Moïse qui avait pu se cacher.

Sarah travaille entre 1952 et 1956 à l’agence Reuters puis dirige le secrétariat d’un laboratoire de recherche fondamentale du Muséum d’histoire naturelle. Elle adhère dès 1946 à l’Amicale d’Auschwitz et en 1979 à l’association des Fils et Filles de déportés juifs de France, assistant aux côtés de Serge Klarsfeld au procès de Cologne en 1980. A partir de 1985, Sarah va témoigner à de très nombreuses reprises, notamment au Mémorial de la Shoah, et accompagner des dizaines de voyages d’étude à Auschwitz.

Sarah Montard est faite officier de la Légion d’honneur et commandeur des Palmes académiques.

Sarah Montard publie en 2011 son témoignage aux éditions Le Manuscrit dans la collection Témoignages de la Shoah, avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah : « Chassez les papillons noirs. Récit d’une survivante des camps de la mort nazis. »

Le Mémorial de la Shoah rend hommage à une grande militante de la mémoire et adresse ses condoléances à ses enfants et à ses proches.

 

Témoignage de Sarah Montard, 2004