Francine Christophe, rescapée de la Shoah et femme de lettres, est décédée le mardi 4 novembre. actualités

Robert Christophe posant avec sa fille, à l’âge de 6 ans. Nice. France, 1939.
ⓒ Mémorial de la Shoah/coll. Francine Christophe

Francine Christophe est née le 18 août 1933 à Paris. Ses parents, Robert et Marcelle sont issus de familles bourgeoises, juives et intégrées, profondément ancrées dans la nation française.  La famille réside 106 rue Cardinet dans le XVIIe.

Au déclenchement de la guerre, Robert, historien de profession, est mobilisé avec le grade de lieutenant et fait prisonnier. Il est envoyé en Allemagne dans plusieurs oflags, dont le camp de représailles de Lübeck.

Après la rafle du Vel d’Hiv des 16 et 17 juillet 1942, Marcelle tente de rejoindre la zone sud avec Francine. En franchissant la ligne de démarcation, elles sont arrêtées à La Rochefoucauld en Charente le 26 juillet 1942.

Francine et sa mère Marcelle Christophe, à Nice, sur la promenade des Anglais, avec la présence de soldats français en uniforme, entre 1939-1940.
ⓒ Mémorial de la Shoah/coll. Francine Christophe

Francine a 8 ans et demi. Détenues à la prison de La Rochefoucauld, puis à celle d’Angoulême et au camp de Poitiers, elles sont finalement internées dans le camp de Drancy en août 1942. Epouse et fille de prisonnier de guerre, elles sont protégées par la convention de Genève et sont transférées le 1er septembre 1942 au camp de Pithiviers puis de Beaune-la-Rolande. Marcelle travaille à l’infirmerie. Elle s’investit dans le secours aux autres internés, aux femmes qu’elle aide à accoucher et aux vieillards qu’elle soigne. Elles sont à nouveau transférées le 20 juin 1943 au camp de Drancy. Marcelle et Francine sont finalement déportées du camp de Drancy le 2 mai 1944 au camp de concentration de Bergen-Belsen. Elles sont libérées dans la ville de Tröbitz le 23 avril 1945, après avoir errées en Allemagne dans un train d’évacuation pendant quinze jours.

Grâce à la convention de Genève, Robert sait que sa famille a été déportée à Bergen-Belsen. Une fois libéré, il part à Bergen, avant de les retrouver à Tröbitz. Il parvient à les faire rapatrier jusqu’à Paris qu’ils atteignent le 23 juin 1945.

Photographies de gauche à droite
Marcelle Nordmann et Robert Christophe le jour de leur mariage au petit oratoire de la synagogue de la Victoire. Paris, le 5 janvier 1930
Collection Francine Christophe, photos 1939-1945
Portrait de Francine Christophe. Paris, France, février 1941.

 

 

Lors de la commémoration du 27 janvier dernier au Mémorial de la Shoah, Francine avait rendu un hommage vibrant à sa mère qui l’avait protégée avec un courage extraordinaire face aux épreuves terribles de la déportation.

Marcelle Christophe et Robert Christophe publient en 1974 « Le miracle de nos prisons » aux presses de la Cité.

20 ans plus tard, Francine témoigne à son tour dans une série d’ouvrages où se mêlent récit, réflexion et poésie. Le premier, Une petite fille privilégiée, est publié par le CERCIL en 1995 avant de connaître des éditions successives et une adaptation théâtrale en 2014.

Francine apparait notamment dans le film « Human » de Yann Artus-Bertrand, sorti en 2015.

Profondément engagée dans la transmission, Francine intervient régulièrement depuis une trentaine d’année, avec une élégance toute singulière. Elle présidait l’amicale de Bergen-Belsen.

ⓒ Mémorial de la Shoah

Francine Christophe était officier de la Légion d’honneur et commandeur de l’Ordre national du Mérite.

Le Mémorial de la Shoah présente à ses enfants et à sa famille ses sincères condoléances. Le Mémorial salue la mémoire d’une grande figure de la mémoire de la Shoah, une femme passionnée qui a toujours témoigné à hauteur d’enfant.

Découvrez ses témoignages