Raphaël Esrail, rescapé du camp d’Auschwitz et président de l’Union des déportés d’Auschwitz, est décédé à Lannion samedi 22 janvier 2022 à l’âge de 96 ans.

 

Raphael et Liliane Esrail, 1997
Photo Evvy Eisen, Mémorial de la Shoah

Né le 10 mai 1925 à Magnésie en Turquie, Raphaël Esrail arrive à Lyon l’année suivante avec sa famille, où son père tient une boutique de bonneterie. A l’âge de 11 ans, il entre aux Éclaireurs israélites de France.

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, membre de la résistance juive au sein de la Sixième à Lyon où il confectionne de faux papiers, il est arrêté le 8 janvier 1944. Torturé au siège de la Gestapo à l’École du service de santé militaire puis interné à la prison de Montluc, il est transféré le 25 janvier au camp de Drancy, puis déporté le 3 février par le convoi 67 au camp d’Auschwitz-Birkenau. Raphaël Esrail est affecté au camp d’Auschwitz-I et rejoint l’Union Werke. Evacué le 18 janvier 1945, il suit les « marches de la mort » à Gleiwitz, au camp de Gross-Rosen puis de Dachau. Il est libéré à Tutzing le 1er mai 1945 par les Américains.

Il rentre à Lyon le 26 mai 1945. Raphaël retrouve et épouse en janvier 1948 une jeune femme qu’il avait rencontrée à Drancy, Liliane Badour.

Après des études à l’école centrale de Lyon, devenu ingénieur, Raphaël Esrail entame une longue carrière chez Gaz de France jusqu’en 1988 où il est notamment responsable de la formation professionnelle.

Engagé au sein de l’Amicale d’Auschwitz à partir des années 1980, il en devient le secrétaire général en 1990. Il prend en 2008 la présidence de l’Union des déportés d’Auschwitz dont il a été le bâtisseur, fédérant les diverses associations de survivants.

Raphaël Esrail a été promu commandeur de la Légion d’honneur en avril 2016. Il est titulaire de la croix de chevalier du mérite de la République fédérale d’Allemagne remise en mars 2013 à l’ambassade d’Allemagne à Paris. Il a publié en 2017 chez Robert Laffont, son autobiographie intitulée «L’espérance d’un baiser», écrite avec Isabelle Ernot.

Animateur infatigable de l’UDA, il avait multiplié les projets de transmission et d’éducation, à travers des voyages à Auschwitz, des témoignages et même des projets multimédia, en particulier en 2009 le DVD « Mémoire demain ».

Le Mémorial de la Shoah présente à sa famille et à ses proches ses sincères condoléances et salue la mémoire d’un grand témoin comme d’un acteur majeur de la transmission auprès des nouvelles générations, créateur de projets novateurs au service de l’histoire, de la mémoire et la pédagogie.

 

Témoignage de Raphaël Esrail – 26 janvier 2020 

En conversation avec Ali Rebeihi, producteur à France Inter.