Numérisation d’un fonds comprenant des courriers de déportés

Un fonds d’archives retrouvé récemment et comprenant des courriers de déportés, vient d’être numérisé par le Mémorial de la Shoah et mis à disposition dans la salle de lecture du Centre de Documentation.

 
La Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains (DAVCC), à Caen, conserve les archives qui ont permis et permettent encore d’honorer et de faire valoir les droits de victimes civiles et militaires des deux derniers conflits mondiaux. Ses équipes ont récemment identifié un ensemble de fiches issues de l’Union générale des israélites de France (UGIF) pendant la Seconde Guerre mondiale.

Les courriers envoyés par des détenus des camps de concentration étaient envoyés à l’UGIF, qui avait à charge de les enregistrer avant de les faire suivre à leurs destinataires. Dans ce fonds se trouve le fichier de suivi des courriers ainsi que les courriers n’ayant pu être remis.

En mars 2019, ce fichier reconstitué a été mis à disposition du Mémorial de la Shoah pour numérisation, dans le cadre d’une convention de partenariat passée avec le Service Historique de la Défense (SHD) en 2016.Il est désormais consultable sur les postes informatiques de la salle des références du SHD à Vincennes, ainsi que dans la salle de lecture du Mémorial de la Shoah.

Le fichier émane du service de la correspondance et de la recherche des familles (Service 36) de l’UGIF, qui était situé au 4, rue Pigalle à Paris 9e. En effet, à la demande des autorités d’occupation, toutes les associations juives avaient été dissoutes et remplacées le 29 novembre 1941 par l’UGIF, chargée de la représentation des juifs auprès des pouvoirs publics, et à laquelle tous les juifs étaient tenus d’y adhérer.

Entre 1942 et 1944, ce service a été amené à gérer quelques 4 000 courriers envoyés par les déportés (majoritairement Auschwitz et ses satellites), et leurs kommandos. Les correspondances étaient censurées et se résumaient aux phrases obligatoires (en Allemand) telles que : « je vais bien », « je travaille ».

L’arrivée d’un courrier était signalée au destinataire par une correspondance type indiquant les consignes à appliquer : deux courriers par mois en allemand comprenant des nouvelles exclusivement d’ordre familial, à remettre sans enveloppe ou sous enveloppe non-cachetée au service 36 avant le 5 ou le 20 de chaque mois.

Le fonds comprend 2 910 fiches mais aussi 259 courriers non distribués. Le fichier original est conservé au SHD Caen par la DAVCC sous les cotes AC 22 P 3065 à AC 22 P 3078.

Ces fiches comportent, pour les plus complètes, le nom, prénom, date et lieu de naissance du déporté, ses dates d’arrestations et de déportation, son adresse dans le camp, les dates des courriers arrivés et départs, ainsi que les noms et adresses des destinataires. Les lettres non-parvenues aux destinataires sont conservées dans le fonds. Peu après la libération, ces documents ont été récupérés par le ministère des Prisonniers, déportés et réfugiés (MPDR) au moment de la liquidation des services de l’UGIF, afin d’apporter des éclaircissements sur le destin des familles juives.