À l’occasion du centenaire de la naissance de Claude Lanzmann et de 40 ans du film Shoah
Au printemps 1985, Claude Lanzmann (1925‑2018) présente à Paris en avant-première son film monumental Shoah. Il a travaillé douze ans sur cette œuvre. Aujourd’hui encore, ce film de plus de neuf heures est une référence dans sa représentation du génocide perpétré par les nazis contre six millions de Juifs. L’exposition Claude Lanzmann. Shoah : les enregistrements inédits permet pour la première fois au public d’accéder aux archives audio de ce film.
Pour Shoah, Lanzmann a interviewé des survivants, des bourreaux et des témoins. Il s’est rendu avec sa caméra sur les lieux de l’extermination systématique à la recherche d’indices. Il a renoncé à utiliser des images d’archives dans son film.
L’exposition met l’accent sur les nombreuses années de préparation qui ont précédé le tournage. Pendant cette période, Claude Lanzmann et ses assistantes, Corinna Coulmas et Irena Steinfeldt-Levy, ont effectué des recherches dans différents pays et mené d’innombrables entretiens préalables, enregistrés sur bande magnétique. Ces enregistrements audio, jusqu’alors inconnus, montrent à quel point le réalisateur s’est intéressé à différentes facettes de la Shoah avant de choisir l’extermination pour thème central de son œuvre. Ils donnent également un aperçu de la mémoire trois décennies après la fin de la guerre.
La Collection Lanzmann, qui est conservée au Musée juif de Berlin grâce au don de l’Association Claude et Félix Lanzmann, est la base de cette exposition. Cette collection compte environ 220 heures d’enregistrements audio en huit langues. Depuis 2023, ce fonds, tout comme le film Shoah, est inscrit au registre de la « Mémoire du monde » de l’UNESCO.
L’exposition propose des extraits de ces enregistrements. Ils sont présentés pour la première fois en même temps à Paris et à Berlin. Le parcours, structuré en 6 parties, invite les visiteurs à vivre une expérience sonore immersive autour des thèmes présentés : des premières réflexions de Lanzmann aux entretiens avec des témoins sur des questions précises relatives à la Shoah, jusqu’à la réalisation du film Shoah.
On y découvre les récits des témoins que Claude Lanzmann n’a pas retenus ou pu filmer. Parmi eux, des survivants de différents ghettos et camps, dont le poète Avrom Suskever, Erich Kulka (Auschwitz), Ilana Safran (Sobibor), ou des sauveteurs, tels Friedrich Graebe, et d’anciens responsables et exécutants de la Solution finale.
Ces enregistrements résonnent d’une pertinence particulière dans notre présent, qui connaît une césure avec la fin du témoignage.
Les témoins qui s’expriment dans le film parlent comme des « revenants » d’entre les morts.
Pour mieux contextualiser les enregistrements, l’exposition présente également des documents originaux provenant des archives privées de Claude Lanzman. Ces documents contiennent des lettres, des listes, des notes et des fiches datant de cette période de recherche, qui donnent un aperçu supplémentaire du travail pratique du réalisateur et de ses assistants.

Claude Lanzmann
Claude Lanzmann, réalisateur et journaliste français, est né le 27 novembre 1925 à Bois-Colombes, en France. Adolescent pendant l’occupation allemande, il rejoint la Résistance. Après des études de philosophie, il enseigne à l’Université libre de Berlin en 1948/1949. C’est à cette époque qu’il réalise ses premiers travaux journalistiques. Au début des années 1950, il entame une longue relation avec Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir. Il intègre la rédaction du magazine Les Temps Modernes, puis devient son éditeur. En 1973, il présente son premier film, Pourquoi Israël, et douze ans plus tard, Shoah. Au cours des décennies suivantes, Lanzmann réalise de nombreux autres films. Il reçoit de nombreuses distinctions en tant que réalisateur, écrivain et journaliste. Il a notamment reçu l’Ours d’or d’honneur de la Berlinale pour l’ensemble de son œuvre. Claude Lanzmann décède le 5 juillet 2018 à Paris, le lendemain de la première de son dernier film, Les quatre sœurs.
Dans ces enregistrements, Claude Lanzmann explique son projet cinématographique tout en répondant aux questions de ses interlocuteurs. Il y aborde ses méthodes et ses perspectives, mais aussi les défis psychologiques rencontrés, les motivations personnelles ou les conditions financières et organisationnelles.
Les enregistrements audio ne reflètent qu’une partie du travail de plusieurs années qui a précédé le film Shoah. Les conversations menées dans le cadre de ces recherches n’ont pas toujours été enregistrées. Les archives privées de Claude Lanzmann contiennent des lettres, des listes, des notes et des fiches datant de cette période de recherche, qui donnent un aperçu supplémentaire du travail pratique du réalisateur et de ses collaboratrices.
Pour une approche approfondie de la collection Lanzmann, les interviews de l’exposition sont transcrites dans leur intégralité, traduites et contextualisées par le Musée juif de berlin. Cette édition numérique est continuellement enrichie et sera entièrement disponible d’ici fin 2027 sur le site internet du Musée juif de Berlin.
Commissaire scientifique : Dr. Tamar Lewinsky.
Adaptation française : Sophie Nagiscarde, responsable du service des Activités culturelles, Natacha Nisic, artiste et cinéaste, et Clara Lainé, coordinatrice opérationnelle et administrative.
Programmation autour de l’exposition : Julie Maeck, Pauline Dubuisson.
Une exposition conçue par le Musée juif de Berlin.
Ingrid Cadoret | C La Vie – L’Agence
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Ninon France | C La Vie – L’Agence
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