Hommage à Maurice Cling, rescapé de la Shoah et témoin engagé, décédé le 23 novembre 2020

Maurice Cling  Credit : Daniel Cling

Maurice Cling est né le 4 mai 1929 à Paris, dans une famille juive d’origine roumaine. Ses parents tiennent une boutique de tailleur-fourreur rue Monge dans le Ve arrondissement de Paris. Jacques, son père, s’est engagé volontairement en 1914 dans l’armée française, et revient décoré de la médaille militaire et de la croix de guerre. Il est naturalisé en 1920.Simone, sa mère, est née en France.

Quand la législation antisémite oblige Jacques au début de la Seconde Guerre mondiale à apposer une affichette identifiant sa boutique comme une « entreprise juive », il installe à côté un présentoir avec ses décorations et l’inscription « Français, engagé volontaire, blessé de guerre 1914-1918 » pour dénoncer cette stigmatisation. Très apprécié dans le quartier, la démarche fait sensation. Le lendemain, un inspecteur vient lui ordonner de l’enlever.

Arrêté dans sa classe à l’école Lavoisier, le jour de son quinzième anniversaire, le 4 mai 1944, Maurice Cling est interné au camp de Drancy avec son frère Willy, âgé de 17 ans, sa mère et son père. Le 20 mai 1944, toute la famille est déportée vers le camp d’Auschwitz-Birkenau au sein du convoi 74. Ses parents sont assassinés dès l’arrivée au camp. Affecté au camp d’Auschwitz-I, Maurice parvient à tenir avec le soutien de son frère, dont il est séparé lors d’une « sélection » en octobre et qu’il ne reverra plus. Après différents kommandos particulièrement éprouvants, et une parenthèse au kommando Kanada, il devient au début de l’hiver garçon de salle au Revier. A plusieurs reprises, il est aidé par des déportés qui concourent à lui sauver la vie. Maurice est évacué en janvier 1945 vers le camp de Dachau. A nouveau évacué au printemps vers le Tyrol, il est libéré le 29 avril 1945 par une unité américaine en Haute-Bavière, alors que les gardiens allemands se sont enfuis.

Rapatrié en France, très affaibli, il arrive à la gare de l’Est à Paris le 18 mai 1945 et retrouve ses grands-parents, sa tante et son cousin qui n’ont pas été déportés.

Agrégé d’anglais, linguiste, il enseigne au lycée de Nîmes, en Grande-Bretagne et enfin à partir de 1962 dans le supérieur, à la Sorbonne puis, devenu docteur d’Etat, comme professeur d’université à Paris XIII, où il dirige le département d’anglais.

Il adhère au Parti communiste français en 1950. Précocement engagé au sein du conseil d’administration de l’Amicale d’Auschwitz, il milite également au sein de la Fédération nationale des déportés, internés, résistants et patriotes, dont il devient président-délégué dans les années 90, et au sein de la Fondation pour la mémoire de la Déportation. Il témoigne parallèlement dès les années 60 dans de nombreux établissements scolaires en France, en Allemagne, en Autriche et en Espagne. L’an dernier encore, il intervient en anglais pour la BBC. Il publie en 1999 un récit précis de sa déportation, fondé sur des notes prises peu après son retour, Vous qui entrez ici…, Un enfant à Auschwitz, nouvelle édition, éd. de l’Atelier/FNDIRP, 2008. Le livre est édité par le Musée d’Auschwitz en langue polonaise.

Maurice Cling Credit: Daniel Cling

Deux de ses fils, Daniel et Pascal Cling, le font témoigner dans les documentaires qu’ils réalisent, Héritages, diffusé par France 3 en octobre 1998, et Il faudra raconter, sur Arte en janvier 2008.

Maurice Cling a été fait chevalier de la Légion d’honneur et officier des Palmes académiques.

 

 

Le Mémorial de la Shoah salue la mémoire d’un rescapé devenu un militant exigeant et fervent de la mémoire de la déportation.

Toutes nos pensées vont à ses fils, à sa famille et à ses proches, à qui nous adressons nos sincères condoléances.