Personnages clés de la Shoah

Oxfordshire 1874 Londres 1965
CHURCHILL Winston Leonard Spencer
Premier Ministre britannique

Né en 1874 à Oxfordshire, Winston Churchill fait une brève carrière militaire et devient correspondant de guerre. En 1900, il est élu député conservateur. Après avoir occupé plusieurs fonctions politiques gouvernementales, en tant que sous-secrétaire d’Etat aux Colonies, il est étroitement impliqué dans le déroulement des premières années du mandatbritannique en Palestine. Il assiste au développement de l’installation des Juifs sur cette terre peu après la fin de la Première Guerre mondiale. Convaincu que l’Empire britannique est primordial pour le Royaume-Uni, il envisage la croissance d’un foyer national juif en Palestine comme un bastion pro-britannique.

En opposition au Premier Ministre Neville Chamberlain au sujet de sa politique d’apaisement, de 1937 à 1939, face à Hitler, Churchill réclame la mise en place d’un programme de réarmement pour s’opposer à l’Allemagne nazie. Il estaussi le leader de l’opposition parlementaire en 1939 lorsque l’émigration juive vers la Palestine et l’acquisition de terres sont restreintes. Il continue à soutenir l’émigration juive vers la Palestine.

Lorsque la Seconde guerre mondiale éclate, Winston Churchill rejoint le gouvernement de Chamberlain et devient le Premier Lord de l’Amirauté. Entré au gouvernement, il tente de faire abandonner par le gouvernement la législation limitant l’émigration juive. Il obtient un compromis qui maintient la loi, mais qui prévoit un nouveau débat à la fin de la guerre.

Winston Churchill succède à Chamberlain au poste de Premier Ministre en mai 1940. Bien qu’il propose à plusieurs reprises durant les années de guerre, des mesures politiques permettant la création d’un Etat juif, sa position pro-sioniste est contrecarrée par les autres membres du gouvernement.

Le Premier Ministre informe à maintes reprises son gouvernement de son intention de créer un Etat indépendant composé de trois ou quatre millions de Juifs, une fois que la guerre contre l’Allemagne aura été remportée. En 1943, un comité sur la Palestine est formé, avec pour seule recommandation de répartir le territoire entre les Juifs et les Arabes. Mais l’assassinat au Caire de Lord Walter Moyne en novembre 1944 par des membres du Lohamei Her ut Israël force Winston Churchill à repousser les délibérations à l’après-guerre. La défaite du parti conservateur de Churchill en 1945 met un terme au projet de partage élaboré en temps de guerre.

Winston Churchill soutient l’émigration juive, mais n’agit pas activement en faveur des programmes de secours pour les Juifs d’Europe. Dans une lettre de février 1943, il explique pourquoi la Grande-Bretagne ne prend pas une part plus active dans l’assistance ; le transport représentant le plus gros obstacle. L’effort de guerre contre les Nazis doit être le plus important, il ne peut être détourné de son objectif premier. De plus, il lui paraît impossible de sauver des réfugiés juifs et d’abandonner un grand nombre de citoyens alliés dans les zones d’occupation nazie.

Bien que sympathisant de la cause juive et soutien actif des aspirations sionistes, Winston Churchill partage le consensus européen qui consiste à envisager le sauvetage des Juifs seulement après la défaite nazie. Winston Churchill meurt , à Londres, en 1965.

Né en 1880 à Varsovie - suicidé le 23 juillet 1942 à Varsovie
CZERNIAKOW Adam
Président du Conseil juif dans le ghetto de Varsovie

Ingénieur, responsable avant la seconde guerre mondiale de l’Organisation des artisans juifs (principale catégorie socio-professionnelle parmi les Juifs de Pologne). Conseiller municipal de Varsovie entre 1927 et 1934. A la veille de la guerre, membre de la direction du conseil de la communauté juive. Le 23 septembre 1939, pendant le siège de la ville, est nommé par le maire responsable de ce Conseil, en remplacement de Maurycy Mayzel qui a quitté la capitale. Le 3 octobre, nommé par l’occupant allemand à la tête du Judenrat (Conseil des Juifs) de Varsovie, en charge d’organiser l’installation de la population juive dans un ghetto. Dans une correspondance abondante et documentée mais vaine avec les autorités, s’oppose au principe du ghetto et conteste le tracé de ses limites. Ne croyant pas aux rumeurs d’extermination, parie sur le calme et l’endurance pour surmonter l’épreuve.

Malgré des budgets insuffisants, s’efforce de jouer des contradictions entre bureaucraties nazies : commissariat du ghetto, SS, police, gouvernorat du district, Transferstelle, ainsi que municipalité polonaise. S’efforce, de même, de concilier les intérêts contradictoires au sein de la population juive. Se comporte avec dignité et sens de l’honneur dans ses contacts avec les Allemands, qui le traitent pourtant brutalement, et n’hésite pas à les critiquer dans denombreux rapports et mémorandums. Lutte pour l’inclusion dans les limites du ghetto d’anciennes rues à population juive. Maintient des contacts ouverts ou clandestins avec les dirigeants de la population non-juive de la ville. Encourage les activités éducatives et culturelles, y compris la formation médicale et technique, parallèlement à la recherche d’approvisionnements en nourriture, en matières premières et en outillage pour les artisans, et à l’assistance aux travailleurs des kommandos à l’extérieur du ghetto, ainsi qu’à leurs familles demeurées à l’intérieur, tout ceci en ayant recours à la dissimulation et à la tricherie vis à vis des Allemands.

N’utilise pas le certificat d’émigration pour la Palestine qui était à sa disposition. Ayant reçu l’ordre de remettre des listes d’enfants pour la grande déportation de juillet 1942, parcourt frénétiquement les bureaux nazis dans l’espoir de faire annuler cette mesure. Ayant échoué, se suicide au moyen du poison qu’il conservait en permanence dans sa poche, après avoir écrit dans son journal secret : « Je suis impuissant, mon coeur tremble de chagrin et de compassion. Je ne peux plus supporter cela ». Son journal, édité en hébreu en 1968 (1009 pages), a été tenu méticuleusement, consignant de nombreux détails et données chiffrées, probablement en vue de l’écriture d’un livre.

Nérac 1881 Alger 1942
DARLAN François
Militaire français

Né à Nérac en 1881 dans une famille de marins, François Darlan termine ses études à l’Ecole navale en 1901. Pendant la guerre de 1914-1918, il est commandant et en 1926 capitaine de vaisseau. Pendant dix ans, il occupe le poste de chef de cabinet militaire au ministère de la Marine. Lorsque la guerre éclate, François Darlan vient d’êtrepromu amiral de la flotte. C’est sur son ordre que la marine s’est affirmée hostile à la continuation de la guerre, alors que la flotte ne s’était pas battue et qu’elle était intacte.

À partir de janvier 1941, il conserve le commandement de la marine, cumule les fonctions de vice-président du Conseil des ministres, de ministre des Affaires étrangères, de l’Intérieur et de l’Information. Il est le dauphin désigné du maréchal Pétain, dont il s’affirme l’exécutant fidèle, prônant la Révolution nationale et la Collaboration avecl’Allemagne en politique extérieure. François Darlan met en place un certain nombre de mesures autoritaires, telle la suspension des activités des partis politiques et le serment de fidélité au chef de l’Etat exigé des hauts fonctionnaires. Il pousse à la création de la Légion des combattants et du Service d’ordre de la légion, qui donnera naissance à la Milice en 1943. Cette politique de collaboration culmine avec les protocoles de Paris, le 28 mai 1941.

Mais au début de l’année 1942, l’amiral oppose une série de refus aux exigences allemandes : refus d’entrer en guerre aux côtés de l’ennemi, protestation officielle contre les frais d’occupation et refus d’envoyer des travailleurs français en Allemagne. Convaincus que toute collaboration avec l’amiral est désormais impossible, les Allemands exigent son départ et son remplacement par Pierre Laval, sous la menace de mettre eux-mêmes en place un gouverneur. Le 18 avril 1942, alors que Laval reprend la tête du gouvernement, François Darlan devient le chef des forces armées franç
aises. Lorsque le 8 novembre 1942, les forces alliées débarquent à Alger, les troupes françaises respectent les ordres reçus : s’opposer au débarquement. L’amiral Darlan, prend au nom du maréchal Pétain et avec l’accord des Américains, la direction de l’Empire, qu’il fait entrer en guerre contre les puissances de l’Axe. Darlan se voudra jusqu’au bout fidèle au maréchal Pétain.

Le 24 décembre 1942, François Darlan est assassiné à Alger par un jeune royaliste.

Trieste 1904 - 1945
GLOBOCNIK Odilo
Responsable principal de l'extermination des Juifs dans le Gouvernement général de Pologne

Odilo Globocnik est né à Trieste le 21 avril 1904 dans une famille de fonctionnaires d’origines autrichienne et croate. Il adhère au parti nazi autrichien en 1931, et devient un leader radical dans les cellules provinciales du parti. En 1934, il entre dans la SS et devient député de sa région. Emprisonné plusieurs fois pour raisons politiques (le NSDAP, parti nazi, est interdit en Autriche), Odilo Globocnik représente, à sa libération, l’homme clé des relations entre Hitler et les nazis autrichiens.

Nommé chef du parti nazi de Carinthie en 1936, il est gauleiter de Vienne le 24 mai 1938. Déchu de ses fonctions pour spéculations illégales, il est remplacé par Josef Bürckel l’année suivante. Grâce à Himmler, il est nommé chef des SS pour la région de Lublin en Pologne en 1939.

Il occupe le rôle central dans l’organisation de l’opération Reinhard, en raison de sa réputation d’antisémite virulent. Dans ce cadre, il est responsable de l’extermination des Juifs polonais, de l’exploitation de la main d’oeuvre et de la spoliation des biens juifs. Responsable d’une unité spéciale de la SS, soumise à la seule autorité d’Himmler, Odilo Globocnik crée quatre camps d’extermination en Pologne : Belzec, Sobibor, Majdanek et Treblinka. Une fois l’opération Reinhard « accomplie », les camps de la mort sont démantelés. Près de 1.5 millions de personnes ont été assassinées. Le montant des biens spoliés durant la période de l’opération, du 1er avril au 15 décembre 1942, s’élève à 180 millions de reichsmarks. A l’issue de l’opération, Globocnik est envoyé à Trieste, avec son commando, et prend la tête de la SS pour la région de l’Adriatique.

A la fin de la guerre, Odilo Globocnik parvient à s’échapper et à retourner dans sa région natale. Arrêté le 31 mai 1945 par les Anglais, il se suicide.

Rheydt (Rhénanie) 1897 1945 Berlin
GOEBBELS Joseph
Ministre de la Propagande nazie

Né en Rhénanie en 1897, au sein d’un milieu modeste de religion catholique, Joseph Goebbels entame des études de philosophie à l’université de Heidelberg. Il obtient son doctorat en littérature allemande en 1922. La même année, gagné par les idées du national-socialisme, il devient le secrétaire de Gregor Strasser. Joseph Goebbels entre comme rédacteur, au mois d’août 1924, dans la revue hebdomadaire national-socialiste Völkische Freiheit, organe de combat rhénano-westphalien pour une Grande Allemagne nationale et socialiste. A la fin d’août 1926, Adolf Hitler le nomme Gauleiter de Berlin, ville dans laquelle il réussit à propager le national-socialisme. Le 20 mai 1928, Joseph Goebbelsest l’un des douze élus du NSDAP, parti nazi, au Reichstag. A la fin de l’année 1929, Hitler le nomme chef de la propagande du parti. Lorsque le Führer devient chancelier en janvier 1933, il crée un ministère de l’Information et de la Propagande, dont Joseph Goebbels prend la responsabilité le 14 mars.

Le nouveau ministre met en place le système, ensuite instauré dans les pays occupés, consistant à fermer les frontières à toutes les sources d’information étrangères et à mettre la main sur tous les organes d’information intérieure. La propagande est envisagée comme une véritable arme. Cette mainmise s’étend à la totalité de la vie intellectuelle et culturelle du pays : presse, édition, cinéma, théâtre et radio. C’est la nazification de la culture qui commence par un autodafé des livres contraires à la doctrine du parti.

En 1938, après l’assassinat de vom Rath à Paris, Joseph Goebbels organise la « nuit de cristal », l’incendie des synagogues et le pillage des magasins juifs. En France, à partir de 1940, le département de la Propagande allemande se charge de répandre les thèmes de la propagande nazie contre les Anglo-Saxons, les Soviétiques, les gaullistes, les Juifs, les francs-maçons, et de susciter des oeuvres inspirées de la culture allemande et de l’éthique hitlérienne. Dans son discours du 18 février 1943, Goebbels appelle à la « guerre totale ». Depuis 1941, Goebbels exige que Berlin devienne « Judenfrei ». Il est à l’origine de l’introduction de l’étoile jaune en Allemagne. Au mois d’août 1944, alors que le Reich rencontre de graves difficultés militaires, Joseph Goebbels tente de relever le moral des troupes en faisant connaître l’existence d’armes secrètes et imparables.

Dans son testament, Adolf Hitler le désigne comme chancelier. Mais avec sa femme, ils ne veulent pas survivre à leur Führer, qui s’est suicidé avec Eva Braun le 30 avril. Ils s’empoisonnent, avec leurs six enfants, le 1er mai 1945 à Berlin. Son journal, récupéré par les Soviétiques, représente une des sources nazies les plus importantes.

Rosenheim 1893 - Nuremberg 1946
GOERING Hermann
Homme politique nazi

Né en 1893 à Rosenheim, Hermann Goering est issu d’une famille de fonctionnaires prussiens. Envoyé à l’Ecole des cadets de Karlsruhe, Hermann Goering passe ensuite à l’école militaire de Gross Lichterfelde. Pendant la Première Guerre mondiale, il entre dans l’aviation et à l’issue du conflit il obtient le grade de capitaine.

En 1922, après avoir entendu Hitler lors d’une réunion nazie, l’officier entre au parti national-socialiste, NSDAP. Hitler lui confie la SA, section d’assaut. Pendant le putsch manqué de Munich, le 8 et 9 novembre 1923, Hermann Goering est blessé. Il doit s’enfuir pour échapper à l’arrestation. Il séjourne alors à Venise et en Suède.

En 1927, amnistié, il rentre en Allemagne et renoue aussitôt ses liens avec Adolf Hitler. Aux élections du 20 mai 1928, il est élu député au Reichstag. Chef du groupe parlementaire nazi, il se voit élire président du Reichstag en 1932, faisant ainsi de lui une des figures clés de l’Etat.

En janvier 1933, Hitler le nomme ministre de l’Intérieur de Prusse. Instigateur de l’incendie du Reichstag, le ministre de l’Intérieur peut ainsi se débarrasser des communistes en les accusant de ce crime. Il crée la Gestapo, les camps deconcentration et approuve d’avance les crimes commis par la police.

Après la campagne victorieuse de Pologne, en tant que ministre de l’Air, Hermann Goering prend une importante décision pour le sort de l’aviation allemande. Il fait arrêter les recherches de nouveaux types d’avions pour concentrer l’effort de l’industrie aéronautique allemande sur la production massive des types déjà existants.

Le 23 avril 1945, Hermann Goering demande la succession du Führer, selon le décret du 29 juin 1941. Hitler, conseillé par Bormann, s’y oppose et le fait arrêter par ses SS. Au tribunal militaire international de Nuremberg, Hermann Goering défend la politique nazie. Condamné à mort, il se suicide avant la date de son exécution.

Né en Lituanie russe en 1895 - Décédé à Paris en 1982
GOLDMANN Nahum
Dirigeant sioniste international

Nahum Goldmann est né en 1895 à Wisznewo, en Lituanie. Intellectuel sioniste allemand, collaborateur de l’Encyclopédie juive de Berlin avant 1933, délégué sioniste auprès de la Société des Nations et du gouvernement français entre 1935 et 1940, installé aux Etats-Unis de 1940 à 1964, puis en Israël, en Grande Bretagne et finalement à Paris de 1968 à sa mort. Fondateur du Congrès juif mondial avec Stephen Wise en 1936, il a été mêlé aux négociations internationales de la fin des années 1930 pour trouver des pays d’accueil aux réfugiés juifs et à la défense des droits des Juifs victimes de gouvernements antisémites.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, il a coordonné le travail du Congrès juif mondial en vue du sauvetage et de l’assistance humanitaire, négociant avec les gouvernements alliés et avec les neutres. Il fut également délégué de l’Agence juive pour la Palestine dans la capitale américaine.

Président du Congrès juif mondial à la mort de Stephen Wise en 1949, il négocie en 1951-1952 l’accord historique par lequel l’Allemagne fédérale s’engage à verser des réparations aux rescapés juifs ou à leurs ayant-droits, au gouvernement d’Israël ainsi qu’aux grandes organisations réunies lors de la « Conférence sur les revendications matérielles juives à l’égard de l’Allemagne » (Claims Conference). Président de l’Exécutif sioniste américain en 1948, puis de l’Organisation sioniste mondiale de 1956 à 1968, il a eu des contacts diplomatiques avec les gouvernements les plus divers, y compris avec ceux du monde arabe à propos du conflit israélo-arabe.

Né en 1904 à Paris - Assassiné le 18 février 1944 à Grenoble
HAGUENAU Marc
Résistant juif en France

Un des chefs des Éclaireurs Israélites de France (EIF) qui créent en 1942 le Service social des jeunes, dont il gère les finances. Il participe au passage progressif des EIF de l’assistance au sauvetage, en organisant notamment la fabrication des faux papiers. Arrêté le 18 février 1944 au cours d’une mission à Grenoble, il est abattu alors qu’il tentait de s’évader.

Son nom est donné à la compagnie EI dans le maquis du Tarn.

Médaille de la Résistance, Chevalier de la Légion d’honneur, Croix de guerre avec palmes à titre posthume.

Halle-sur-la-Saale 1904 - Tchécoslovaquie 1942
HEYDRICH Reinhard
Homme politique nazi

Né en 1904 à Halle-sur-la-Saale, Reinhard Heydrich est le fils du directeur du conservatoire de musique de Halle. Elevé dans un esprit nationaliste, il quitte Halle pour se présenter à Kiel en qualité d’aspirant de marine. En 1928, il atteint le grade de lieutenant de vaisseau.

Le 14 juillet 1931, Reinhard Heydrich entre dans la SS, comme simple SS, où il gravit très vite les échelons. Le SS Himmler le charge, en 1931, de constituer un service de renseignements spécifiquement SS. Il fonde le SD, Sicherheitsdienst. Il crée à l’intérieur même des SS une organisation bien à lui pour doubler, et si nécessaire, remplacer tout l’appareil du gouvernement. Selon lui, son organisation doit pouvoir prendre en main l’exercice du pouvoir à tout moment. Jusqu’à l’avènement des nazis en 1933, le SD s’occupe de recueillir des renseignements sur leurs adversaires, tout en surveillant attentivement l’activité des chefs du parti eux-mêmes, et plus particulièrementcelle de Röhm, chef de la SA.

Reinhard Heydrich est l’instigateur des manifestations antisémites « spontanées » lors de la Nuit de Cristal. Il organise l’incident de Gleiwitz qui déclenche l’attaque de la Pologne et la Seconde guerre mondiale. Nommé, en 1942, protecteur de la Bohême et de la Moravie, il mène dans ces régions une politique de terreur. Il organise la concentration des Juifs polonais dans les ghettos. Lors de la conférence de Wannsee, en janvier 1942, il met en place de manière officielle la « Solution Finale », et planifie, avec l’aide d’Adolf Eichmann, la déportation massive de Juifs allemands et autrichiens vers la Pologne.

Hitler voyait en lui son successeur potentiel. Deux soldats, formés à Londres et parachutés en Tchécoslovaquie, assassinent Reinhard Heydrich le 4 juin 1942. Cet attentat est prétexte à une répression allemande particulièrement féroce : le village de Lidice est rayé de la carte.

Münich 1900 - 1945
HIMMLER Heinrich
Ministre nazi de l'Intérieur, chef de la Gestapo et de la Waffen-SS

Né en 1900 à Münich, dans une famille catholique très pratiquante, Heinrich Himmler se destine à la carrière d’officier, mais il est démobilisé avant même son arrivée au front. Il s’inscrit alors à l’université de Munich pour poursuivre des études d’agronomie et d’économie. Au début des années 1920, il travaille en tant que représentant et éleveur de volailles.

En 1921, Heinrich Himmler rencontre le capitaine Röhm, qui fait sur lui une forte impression, et le convertit à ses vues politiques. En août 1923, il adhère au NSDAP, parti nazi, d’Adolf Hitler et participe au putsch manqué. En 1925, il travaille pour Gregor Strasser en collaboration avec Joseph Goebbels. C’est à cette date qu’il entre à la SS, que Hitler vient de fonder. Dès ce moment, Heinrich Himmler voue à Hitler une admiration, une soumission et une fidélité indéfectibles jusqu’aux derniers jours de la guerre. Himmler est le confident des projets les plus secrets du Führer mais jamais il n’appartiendra au cercle de ses amis intimes.

Le SS monte rapidement dans la hiérarchie du NSDAP. Il est nommé Gauleiter en Basse-Bavière en 1925, et Gauleiter en Bavière et en pays souabe en 1926, et enfin directeur adjoint des services de propagande du Reich en 1926. Le 6 janvier 1929, Hitler lui confie le commandement de la SS, dont il devient le Reichsführer. Il en fait le terrible Ordre noir avec sa police politique, la Gestapo, son service de renseignements, son organisation des camps de concentration, et son armée, la Waffen SS.

Chef suprême de toutes les polices en 1938, Himmler devient ministre de l’Intérieur en novembre 1943. Il fait régner la terreur en Allemagne, mais aussi dans toute l’Europe occupée. En Pologne, il organise, avec l’aide des « unités mobiles » de tuerie, l’assassinat de centaines de milliers de Polonais et de Juifs. Après l’attentat manqué contre Hitler le 20 juillet 1944, le ministre de l’Intérieur reçoit le commandement de toutes les forces armées de l’intérieur. Le 23 avril 1945, Heinrich Himmler rencontre le comte Bernadotte à Lubeck et lui annonce que, Hitler étant sur le point de mourir, il prend le pouvoir et se tient prêt à négocier la capitulation de l’Allemagne. Hitler l’ayant appris, révoque Himmler qui gagne le Schleswig, où il est arrêté par les Anglais.

Son suicide le 23 mai 1945 lui permet d’échapper au jugement du tribunal militaire international de Nuremberg.