Personnages clés de la Shoah

1887 - 1945
QUISLING Vidkun
Homme politique norvégien

Né en 1887 au sein d’une famille de pasteurs luthériens, Vidkun Quisling entre dans l’armée en 1911 et devient attaché militaire à Saint-Pétersbourg de 1918 à 1921. Il quitte ensuite l’armée pour s’engager dans diverses missions humanitaires. En l’absence de relations diplomatiques entre la Grande-Bretagne et la Russie soviétique, Vidkun Quisling représente les intérêts britanniques à la légation norvégienne de Moscou entre 1927 et 1929. Devenu ministre de la Défense en 1931, il démissionne en 1933 pour former le parti fasciste Nasjonal Samling (Rassemblement national), qui prône la suppression du communisme. Mais son parti n’obtient jamais de siège au Parlement. Lors d’une rencontre avec Adolf Hitler en décembre 1939, Vidkun Quisling sollicite l’occupation de la Norvège par les Allemands. A la suite de l’invasion allemande d’avril 1940, il se proclame chef du gouvernement. Considéré comme ayant peu de poids, il est mis à l’écart du pouvoir jusqu’en février 1942, date à laquelle il reprend ses fonctions, au moment où la Résistance s’intensifie.

Son gouvernement tombe très peu de temps après, mais il continue à être membre du gouvernement d’occupation. Il est nommé, en février 1942, Premier ministre sous le commissaire du Reich Josef Terboven. Les tentatives qu’il déploie pour convertir l’Eglise, les écoles et les jeunes au national-socialisme suscitent l’opposition des Norvégiens. Antisémite convaincu, il est responsable de la déportation de près de mille Juifs qui périront dans les camps de concentration.

A la Libération, il est arrêté en mai 1945 et reconnu coupable de trahison et d’autres crimes. Il est exécuté en 1945.

Né en 1867 en Allemagne - Assassiné en 1922 en Allemagne
RATHENAU Walter
Homme d'Etat juif allemand

Fils d’Emil Rathenau, patron de la puissante Société générale d’électricité (AEG). Lui même ingénieur en électricité, à la tête de sa propre entreprise, en Suisse pendant onze ans, puis au conseil d’administration de AEG, dont il devient le patron à la mort de son père (1915). En 1914, il crée le département des matières premières au ministère de la défense, joue un rôle important dans l’économie contrôlée du temps de guerre. En juillet 1919, il devient conseiller du chancelier Josef Wirth, qui le nomme en 1921 ministre de la reconstruction (il cherche alors à obtenir un moratoire des obligations imposées à l’Allemagne au lendemain de la guerre). En février 1922, il est nommé ministre des affaires étrangères, malgré les conseils de ses amis et les prémonitions de sa mère, qui estiment la tâche trop exposée, du fait de son origine juive. En avril 1922, parallèlement aux négociations de Gennes avec les Alliés occidentaux, il conclut le traité de Rapallo avec l’URSS, entente des puissances favorables à la révision du traité de Versailles. Walter Rathenau est assassiné le 24 juin 1922, après qu’une campagne antisémite violente ait été menée contre lui dans la presse. Un des assassins est tué par la police le 17 juillet, l’autre se suicide, le procès des complices, arrêtés à Leipzig, aboutit à des condamnations. Les manifestations de protestation après son assassinat, dans toute l’Allemagne, prennent une telle ampleur (près d’un million de manifestants à Berlin) que la condamnation de l’antisémitisme semble alors faire consensus dans le pays.

En 1897, dans la revue Zukunft, Walter Rathenau préconisait l’assimilation totale des Juifs tout en reconnaissant leur apport à l’humanité et en méprisant les conversions d’opportunité. Pendant huit ans, il a entretenu une correspondance
avec l’antisémite notoire Wilhelm Schwaner. Les antisémites allemands le perçevait comme un des Sages de Sion qui dominent le monde.

Intellectuel brillant, auteur de nombreux articles à caractère philosophique combinant valeurs élitistes et d’autorité, valeurs libérales et recherche d’équité. Il était aussi l’ami des écrivains (Gide, Herman Hesse, Rilke, Stefan Zweig notamment). Le peintre Edward Münch a fait son portrait et Robert Musil l’a intégré à son roman L’homme sans qualité.

Né en 1900 en Pologne autrichienne - Assassiné en 1944 à Varsovie
RINGELBLUM Emmanuel
Historien, résistant juif en Pologne

Elevé dans une famille juive modeste, doit donner des leçons particulières en même temps qu’il est élève au lycée. Membre, puis dirigeant, du mouvement de jeunesse sioniste de gauche Freiheit, organise aussi des cours du soir pour les ouvriers et les jeunes de milieu orthodoxe désireux d’accéder au savoir « occidental ». Etudiant à l’université de Varsovie à partir de 1919, donne des cours du soir au CYSHO (Centrale des écoles juives laïques et yiddichophones) ; puis directeur d’un cours du soir et président du Conseil éducatif du CYSHO. Anime un cercle de culture et de loisirs pour jeunes ouvriers. Soutient en 1927 une importante thèse sur L’histoire des Juifs à Varsovie jusqu’à l’expulsion de 1527. Ses travaux sur l’histoire du judaïsme polonais, notamment dans le cadre du cercle d’histoire rattaché au YIVO, Institut scientifique juif de Vilnius, font autorité. Dirigeant du parti sioniste Poalei Zion de gauche. Enseignant d’histoire dans un lycée de Varsovie (1927-39). Continue de s’occuper de loisirs et de culture populaires. Devient un des principaux dirigeants des oeuvres sociales juives de la ville, en liaison avec le Joint, organisation humanitaire juive américaine, qui fait de lui son mandataire à Varsovie.

Délégué au Congrès sioniste mondial de Genève en août 1939, revient à Varsovie, alors que la guerre mondiale a déjà commencé, en passant par l’Italie, la Yougoslavie et la Hongrie. Reprend immédiatement son activité sociale pour faire face à des détresses matérielles brutalement accrues, d’abord pendant le siège de la ville, où il coordonne la mobilisation de la population juive, puis pour l’entraide à l’intérieur du nouveau ghetto et les liaisons avec autres villes de Pologne. Dès octobre 1939, prend l’initiative de réunir des matériaux pour écrire l’histoire de la persécution des Juifs de Varsovie. A partir de mai 1940, constitue avec le rabbin Simon Huberband et Hirsch Wasser (réfugié de Lodz) une équipe de collaborateurs dont le nom de code est Oyneg Shabbes (plaisir du Shabbat, activité récréative traditionnelle du samedi après-midi). Avec de rigoureuses précautions de discrétion, il s’agit de réunir documents, témoignages et informations concernant tous les aspects de la vie collective, y compris ceux qui dérangent et posent des problèmes moraux, et si possible de rédiger des synthèses thématiques. Ces matériaux, enfouis profondément dans le sol et retrouvés dans deux endroits différents en septembre 1946 et décembre 1950, constituent une source d’information inestimable pour les historiens et une revanche morale pour les victimes des nazis, ces derniers ayant recherché l’effacement des traces de leurs crimes.

Pendant la révolte du ghetto de Varsovie, est l’un des trois signataires du message radio adressé au gouvernement polonais en exil à Londres pour lui demander de l’aide. Capturé par les Allemands et envoyé au camp de travail de Poniatow, d’où il s’évade grâce à la Résistance juive. Caché dans la partie « aryenne » de Varsovie, poursuit l’écriture de sa chronique historique. Refuse en janvier 1944 le départ pour Londres qui lui est proposé de la part du gouvernement en exil. Capturé par les Allemands et assassiné avec son épouse, institutrice, et son fils Uri, le 7 mars 1944. Son nom a été donné à l’Institut d’histoire du kibboutz Lohamei Ha-Gettaot, en Israël.

Consulter le site internet « Les archives Ringelblum »

New York 1882 Géorgie 1945
ROOSEVELT Franklin Delano
Président des Etats Unis (1932-1945)

Né en 1882 dans l’état de New York, Franklin Delano Roosevelt, issu d’une famille aisée, fréquente les meilleures écoles privées, celle de Harvard et de Columbia. Il se présente aux élections sénatoriales de New York, sous l’étiquette démocrate, en 1910. Elu, il se range aux côtés des progressistes et se rallie en 1912 à la candidature de Woodrow Wilson. Il est nommé secrétaire adjoint à la Marine en 1913. En 1921, Franklin Roosevelt est frappé de poliomyélite, mais recouvre partiellement l’usage de ses jambes.

En 1928, il est élu gouverneur de l’Etat de New York et réélu en 1930. Les mesures qu’il prend pour combattre le chômage le font connaître dans tout le pays. Le Parti démocrate en fait son candidat à la présidence et il est élu triomphalement en 1932.

Pendant son mandat, Franklin Roosevelt prend un certain nombre de mesures dont les plus connues concernent l’établissement de « l’Agricultural Adjustment Act », la commission sur les opérations boursières et la « Tennessee Valley Authority ». Lors des élections de 1936, le président sortant est réélu avec une majorité sans précédent.

Réélu une troisième fois sur la base d’un programme affirmant : « pas de troupes américaines outre-Atlantique », Franklin Roosevelt fait adopter, en mars 1941, par le Congrès des mesures concernant la défense nationale. En août 1941, Roosevelt et Churchill élaborent la charte de l’Atlantique et en novembre le président américain autorise l’armement de la marine marchande.

Après l’attaque de Pearl Harbor en décembre 1941, Franklin Roosevelt organise la production de guerre américaine dans un temps record, profitant du soutien du Congrès et de la nation. En février 1945, les Alliés se réunissent à Yalta et établissent des plans pour gérer la défaite de l’Allemagne. La division de l’Allemagne en quatre zones et la reconnaissance de « zones d’influence » des Etats Unis et de l’URSS sont projetées.

Franklin Delano Roosevelt meurt brutalement le 12 avril 1945 en Géorgie.

Reval (Estonie) 1893 - Nuremberg 1946
ROSENBERG Alfred
Homme politique nazi - Théoricien nazi

Né en 1893 à Reval dans la communauté allemande des pays baltes, Alfred Rosenberg étudie l’architecture à Riga et Moscou, avant de se rendre en Allemagne en 1918, époque où il rencontre Adolf Hitler. Installé à Münich, il fréquente les milieux d’émigrants russes tsaristes. En 1920, il devient membre du NSDAP, parti nazi, et publie des textes antisémites.

Dès 1923, il prend la tête de la direction du Völksicher Beobachter, organe du parti national-socialiste. Alfred Rosenberg devient dès lors le principal conseiller d’Adolf Hitler en matière doctrinale. L’oeuvre de Houston Chamberlain constitue l’une des sources de la doctrine élaborée par Rosenberg, ainsi que les écrits politiques et l’oeuvre musicale de Richard Wagner, les publications de Joseph Gobineau et d’Oswald Spengler. Sa théorie « anti-universaliste » se développe selon l’idée que chaque peuple doit vivre selon ses propres traditions et ses propres normes, et accomplir sa mission historique. Cette opinion amène Alfred Rosenberg à condamner le marxisme et le libéralisme, idéologies issues du judéo-christianisme. Il estime donc qu’il faut attaquer le « mal » à la racine, c’est à dire lutter contre le judaïsme et les églises chrétiennes.

L’ensemble des pensées du doctrinaire du parti nazi se trouve rassemblé dans son ouvrage principal, paru en 1931, Le Mythe du XXème siècle, dont près d’un million d’exemplaires ont été vendus jusqu’en 1942. Chef du service des Affaires étrangères, en 1933, Alfred Rosenberg prend contact dès ce moment avec Vidkun Quisling (leader du Rassemblement national norvégien) et prépare les voies d’un futur grand empire nordique de race germanique. En 1934, il devient responsable de la formation idéologique du NSDAP et fonde la Hohe Schule, sorte d’université du parti.

À partir de 1939, il organise le pillage des oeuvres d’art, des archives et des bibliothèques dans les pays occupés de l’Ouest, notamment celles appartenant aux Juifs. L’Einsatzstab Rosenberg, créé à cet effet, transfère en Allemagne 137 wagons d’oeuvres inestimables dont 10890 toiles de maîtres. A partir de 1941, nommé ministre des territoires occupés à l’Est, Alfred Rosenberg prépare et organise la « germanisation » et l’exploitation radicale des pays baltes, de la Biélorussie et de l’Ukraine, l’anéantissement par la famine de leurs populations jugées indésirables et des prisonniers de guerre, ainsi que le transfert en Allemagne de millions de travailleurs forcés.

Arrêté en mai 1945, Alfred Rosenberg est condamné à mort par le tribunal militaire international de Nuremberg et pendu le 16 octobre 1946.

Né en 1877 à Ilino (Russie) - Assassiné en août 1944 à Auschwitz
RUMKOWSKI Chaïm
Président du Conseil juif dans le ghetto de Lodz (Pologne)

Reçoit une instruction primaire à l’école juive traditionnelle (heder) et à l’école publique. Vers 1900, s’installe à Lodz (Pologne russe), y développe une usine de fabrication de velours, qui prospère jusqu’à la première guerre mondiale et à la révolution bolchevique, puis périclite. Devient alors salarié d’une compagnie d’assurances. Longtemps membre du parti des sionistes généraux (libéraux). Membre du Conseil de la communauté juive de Lodz. Sans enfants, actif dans les oeuvres sociales juives, notamment comme président-fondateur de l’orphelinat de la banlieue d’Helenowek, et membre de la direction nationale du Centos, Centrale pour la protection des orphelins juifs.

Le 13 octobre 1939, nommé par l’occupant nazi Judenälteste (Ancien des Juifs), en charge de créer un Beirat (Conseil des Anciens) pour l’administration du futur ghetto juif. De tempérament autoritaire, dirige les affaires directement, avec ses collaborateurs plutôt qu’avec les membres du Conseil. Après quelques mois, réussit à enrayer les manifestations d’opposition initialement enregistrées, en ayant recours à la prison, à la privation de travaux hors des murs du ghetto ou au licenciement pur et simple. Mettant en avant cinq slogans : travail, pain, attention pour les malades, soin aux enfants, calme dans le ghetto fait le pari d’assurer la survie de la majorité de sa communauté en se rendant utile à l’économie de guerre allemande. Accepte de dresser des listes de déportation, par exemple en septembre 1942 quand il pense que le sacrifice des enfants, des malades et des vieillards permettra de sauver le reste de la population juive.

Haï par beaucoup, objet de plaisanterie dans les chansons des rues et dans les albums privés et journaux personnels, mais aussi de la déférence obséquieuse qu’il recherchait : reçoit par exemple des cadeaux, des albums illustrés en son honneur par ses chefs de départements, de nombreux hommages et portraits. Lorsque les nazis décident finalement de liquider le ghetto de Lodz, en août 1944 (peu avant la libération de la ville), se joint volontairement, avec sa famille, au dernier convoi de déportés juifs vers Auschwitz.

1870 - 1956
SALIEGE Jules
Archevêque français

Né en 1870, Jules Saliège, archevêque de Toulouse depuis 1928, est le premier homme d’Eglise à protester publiquement contre les traitements réservés aux Juifs par le gouvernement de Vichy. Le 23 novembre 1941, alors que la hiérarchie catholique se tait, il envoie une lettre de protestation. Lors du transfert des Juifs vers le camp de Drancy, en août 1942, Monseigneur Saliège rédige une lettre pastorale qui est lue en chaire dans toutes les églises du diocèse le 23 août 1942, dans laquelle il affirme que les Juifs appartiennent au genre humain, et que tout n’est pas permis contre eux. Cette lettre, véritable manifeste, est diffusée à travers toute la France par les résistants.

Monseigneur Saliège donne aussi comme consigne aux religieux de son domaine de cacher des Juifs et en priorité des enfants. Il désigne Monseigneur Courrèges pour coordonner les efforts de sauvetage. Le préfet de Toulouse tente d’empêcher les prêtres de réaliser leurs actions, en exerçant de fortes pressions sur eux. Après de nouvelles attaques contre le nazisme, l’archevêque de Toulouse manque d’être déporté à son tour. Le 9 juin 1944, la Gestapo se rend à son domicile pour l’arrêter, mais après avoir constaté son âge et son état de santé précaire, elle y renonce.

Monseigneur Jules Saliège obtient le titre de Juste des Nations le 8 juillet 1969.

Hassfurt-sur-le-Main 1894 - Nuremberg 1946
SAUCKEL Fritz
Responsable nazi de l'exploitation de la main d'oeuvre

Né le 27 octobre 1894, Fritz Sauckel est issu d’une famille de fonctionnaires. Matelot dans la marine marchande suédoise et norvégienne, son bateau est capturé par les Français au début de la Première Guerre mondiale, et il est interné pendant quatre ans dans un camp de prisonniers français.

Après une formation d’ingénieur, il entre au NSDAP, parti nazi, en 1922 et fait une carrière rapide en Thuringe à la tête de l’organisation du parti. Gauleiter de la Thuringe en 1927, Fritz Sauckel est élu ministre-président et ministre de l’Intérieur de ce Land, le 26 août 1932. Il est député au Reichstag à partir du 12 novembre 1933. Il est responsable de « l’aryanisation » des entreprises juives.

Le 21 mars 1942, Fritz Sauckel est nommé plénipotentiaire général à la main d’oeuvre. Il est responsable de la déportation de millions de travailleurs forcés et de prisonniers des territoires occupés d’Europe orientale en Allemagne. Il exige l’envoi de 100 000 ouvriers français pour le 15 mars 1943. Constatant que cette promesse ne sera pas tenue, le gouvernement français promulgue la loi sur le Service du Travail Obligatoire.

Fritz Sauckel, condamné à mort par le tribunal militaire international de Nuremberg, est pendu le 16 octobre 1946.

Svitavy 1908 - Francfort 1974
SCHINDLER Oskar
Industriel allemand

Né en 1908 dans la région des Sudètes, Oskar Schindler arrive à Cracovie à la fin de l’année 1939, peu de temps après l’invasion allemande. Il prend la direction de deux entreprises, appartenant à des Juifs, spécialisées dans la production en gros d’ustensiles de cuisine. Il travaille pour les autorités d’occupation allemandes en Pologne. Plus tard, Oskar Schindler crée sa propre entreprise d’émail près de Cracovie, qui emploie principalement des travailleurs juifs, les protégeant ainsi des déportations. Lorsque l’opération de liquidation du ghetto de Cracovie débute, au début de l’année 1943, la plupart des Juifs sont envoyés dans le camp de travail de Plaszow, connu pour la brutalité de son commandant Amon Goeth.

Oskar Schindler utilise ses relations avec des hauts représentants allemands de l’administration de l’armement pour installer une annexe du camp de Plaszow dans son usine pour 900 travailleurs juifs, incluant des personnes peu qualifiées pour le travail en usine. Grâce à cela, les ouvriers sont protégés des horreurs du camp de Plaszow.

En octobre 1944, devant l’avancée de l’armée soviétique, Schindler est autorisé à convertir son entreprise en une usine d’armement à Brünnlitz, dans les Sudètes, et à amener avec lui les ouvriers juifs de sa première entreprise. Il réussit à faire sortir 700 hommes du camp de Gross-Rosen et 300 femmes du camp d’Auschwitz. Les 1100 travailleurs vivent dans de relativement bonnes conditions. Sachant qu’un train transportant des détenus juifs du camp de Goleszow passe à proximité de Svitavy, Schindler demande et obtient l’autorisation de prendre des travailleurs. Une centaine d’hommes et de femmes juifs sont recueillis à Brünnlitz, où ils sont soignés et nourris. Pour certains, les soins apportés sont trop tardifs pour leur éviter de mourir. Oskar Schindler joue de ses relations pour obtenir le grade de commandant SS en Pologne, et jouir ainsi d’une position plus facile pour porter assistance aux Juifs.

Il est emprisonné à plusieurs reprises par la Gestapo, qui le soupçonne de corruption. A la fin de la guerre, les Soviétiques confisquent son entreprise ; l’industriel est ruiné et ne peut compter que sur la protection et le dévouement de ses employés restés en Allemagne. L’organisation de secours international juif lui fournit de l’argent pour qu’il puisse recommencer une activité professionnelle. En 1962, il reçoit le titre de Juste des Nations.

Oskar Schindler meurt en 1974 à Francfort.

Gori 1879 Moscou 1953
STALINE Joseph Vissarionovich
Secrétaire général du Parti Communiste Soviétique

Joseph Vissarionovich Staline naît en 1879, en Géorgie, dans une famille pauvre de fabricants de chaussures. En 1894, il entre au séminaire de Tiflis, et ensuite dans un groupe de militants géorgiens nationalistes et radicaux. Il quitte le séminaire en 1899, et rejoint le mouvement révolutionnaire. Lors de la rupture au sein du mouvement socialiste russe, Staline choisit de se rallier aux bolcheviques.

En 1912, il devient membre du Comité Central du parti bolchevik. Arrêté en 1913 pour raison politique, Staline est exilé en Sibérie. Après la révolution d’Octobre 1917, il revient à Stalingrad et devient membre du Politburo. Dans le premier gouvernement bolchevik, il est nommé commissaire du peuple aux nationalités. Staline prend une part active dans la guerre civile en tant que commissaire politique de l’Armée rouge. Il devient rapidement un des principaux leaders du parti. Nommé secrétaire général du parti, il transforme cette position en un poste central au sein de l’administration bolchevik. A la mort de Lénine, il lutte contre Léon Trotsky pour la succession du pouvoir. Il lui faut attendre 1928 pour devenir le chef incontestable du parti.

Cette même année, il lance le programme d’industrialisation et de collectivisation massive des campagnes. Durant cette période extrêmement brutale, des millions de paysans meurent. Au début de l’année 1929, lorsqu’il prend le contrôle de la police secrète, Staline organise la Terreur totale. A partir de 1935, une série de procès est entreprise impliquant des anciens leaders, accusés de complot ; la plupart des accusés sont exécutés. Pendant la purge de la seconde moitié des années 1930, plusieurs milliers de soviétiques meurent, dont la plupart des membres importants du parti et beaucoup de communistes étrangers vivant en URSS. Une nouvelle génération, majoritairement paysanne, arrive au pouvoir. L’antisémitisme devient alors l’idéologie secrète de la classe dirigeante.

Après avoir signé le pacte germano-soviétique en août 1939, Staline devient le Président du Conseil des Commissaires du peuple en mai 1941. A cette époque, la plupart des Juifs qui restaient au Comité central sont écartés. Pendant la guerre, il est chef militaire, commandant en chef suprême, au rang unique de Généralissime, et appelle tout le pays à se mobiliser dans l’effort de guerre. Entre 1943 et 1945, il rencontre à plusieurs reprises les Alliés occidentaux pour préparer la future carte de l’Europe.

En 1947, Staline décide de soutenir la construction de l’Etat d’Israël, en espérant le voir devenir ainsi un Etat satellite. Mais les rapports entre l’URSS et le jeune Etat se dégradent à la fin de 1948, lorsque cet espoir ne se confirme pas. Dès lors, l’antisémitisme est un axe de l’idéologie soviétique. Toutes les organisations juives sont dissoutes et les intellectuels juifs arrêtés et plus tard exécutés.

Staline envisage les Juifs comme « un groupe national nocif » dont les liens avec les Etats-Unis mettent en danger la stabilité politique de l’Empire. Les premières étapes de purge antisémite se déroulent à Prague à la fin de l’année du procès Slansky, secrétaire général du parti communiste tchécoslovaque. Les préparatifs en vue de la déportation des Juifs de Russie sont interrompus par la mort de Staline. Il meurt en 1953 à Moscou.