Personnages clés de la Shoah

Né en 1891 à Villedieu (Vaucluse) - Décédé en 1972 à Annonay (Ardèche)
VALLAT Xavier
Homme politique français

Infatigable militant catholique, champion des milieux « anciens combattants » durant l’entre-deux-guerres, Xavier Vallat s’impose comme l’un des chefs de file de la droite républicaine à la Chambre des députés. Le 6 juin 1936, s’adressant à Léon Blum du haut de la tribune parlementaire, il lance : « pour la première fois ce vieux pays gallo-romain va être dirigé par un Juif ».

Après la défaite, il se rallie avec enthousiasme au maréchal Pétain, et prend en mars 1941, la tête du tout nouveau Commissariat Général aux Questions Juives. Pendant un an, il s’acquitte de sa « mission » avec une ferveur fanatique. Législateur méticuleux, il contribue à doter la France d’une législation antisémite qu’il veut la plus élaborée et la plus sévère d’Europe.

En juin 1944, il remplace Philippe Henriot ,assassiné par la Résistance, au micro de la radiodiffusion nationale pour continuer d’y prêcher, désespérément la fidélité à l’Etat français.

En 1947, son procès en Haute Cour fait sensation : Xavier Vallat assume pleinement son action sous l’Occupation comme stratégie de défense et sauve sa tête de justesse. En prison, il devient le compagnon de cellule de Charles Maurras. Rapidement libéré, puis amnistié, il termine sa longue carrière politique comme éditorialiste vedette de la presse d’extrême droite.

Berlin 1878 - Paris 1948
VON STULPNAGEL Otto
Commandant militaire nazi en France occupée

Né à Berlin en 1878, Otto von Stülpnagel sert dans le régiment prussien dès 1898, et prend part à la Première Guerre mondiale. Il joue un rôle important dans le groupe des officiers réactionnaires de la Reichswehr, qui cherche à détruire la République de Weimar.

Dès 1933, il devient un fidèle partisan d’Hitler. Nommé Militärbefehlshaber in Frankreich en octobre 1940, il exerce ces fonctions parallèlement à celles de gouverneur militaire de Paris jusqu’en février 1942. Il est responsable de l’exécution de résistants et de la déportation des Juifs.

Au printemps et à l’automne 1941, son régime de terreur atteint son paroxysme. Il demande que des instructions soient prises pour choisir les otages parmi les personnes déjà détenues dans les prisons françaises, soit pour des « actes de terrorisme » soit pour leur appartenance au parti communiste. Il demande à être relevé de ses fonctions en février 1942, à cause du différend entre Berlin et lui au sujet de la politique d’exécution des otages. Otto von Stülpnagel refuse « l’élargissement » de cette politique.

A l’issue de la guerre, Otto von Stülpnagel est arrêté en Allemagne et traduit devant un tribunal français. Il se suicide en février 1948 dans la prison du Cherche Midi à Paris.

Né en Tchécoslovaquie en 1924
VRBA Rudolf
Déporté, évadé d'Auschwitz

Déporté en tant que Juif au camp de Maïdanek, il est transféré en juin 1942 à Auschwitz, d’où il s’évade le 7 avril 1944 avec Alfred Wetzler. Parvenus en territoire slovaque le 21 avril 1944, les deux hommes ont pris contact à Bratislava avec les responsables de la communauté juive, et ont rédigé un rapport technique détaillé sur les modalités de l’assassinat des Juifs, par gazage suivi de crémation. Rendu public le 25 novembre 1944 à Washington, ce rapport avait entre temps largement circulé dans les milieux bien informés des pays neutres, puis des pays alliés.

Les informations qu’il contenait se trouvent au coeur des controverses de 1944 entre les gouvernements alliés et les dirigeants juifs sur les possibilités de sauvetage des Juifs de Hongrie, notamment par l’échange de Juifs contre des camions et par le bombardement des installations d’Auschwitz. Elles ont été utilisées comme pièces à conviction au procès de Nuremberg.

Rudolf Vrba a terminé la guerre comme partisan tchèque, puis a fait des études d’ingénieur chimiste à Prague. Immigré en Israël (1956), puis en Grande-Bretagne (1958) , il est devenu professeur d’université au Canada en 1967.

Auteur notamment de I cannot forgive (1963, traduction française : Je me suis évadé d’Auschwitz, Ramsay, 1988).